mercredi 28 novembre 2007

Inde - Cette nuit à Diu...

Diu

Il est 11h51 à Montréal. Mon laptop me le confirme. Ici, je ne sais même pas quelle heure il est. Je viens tout juste de quitter le café internet duquel nous avons discuté. Je suis revenu à mon hôtel, fatigué mais o combien heureux de t’avoir parlé à nouveau. Je suis monté à ma chambre et j’ai décidé que la nuit était trop belle pour ne pas en profiter un peu. J’ai pris mon ordinateur, je suis sorti sur le balcon, j’ai ouvert mon petit paquet de biscuits, la nuit s’annonce magnifique. La ville côtière de Diu est d’un calme non-indien. La lune, presque entière, éclaire la toiture des maisons et la façade de l’église Saint-Thomas, vestige de la présence portugaise sur l’ile. En prêtant l’oreille, on peut facilement suivre les hordes de chiens errants qui rôdent et qui terrorisent les chats du quartier. On peut sentir la mer. L’air est empreint de ce parfum d’eau salée si caractéristique des bords de mers. J’affectionne particulièrement cet arôme. Je me plais à contempler le phare et ses inlassables appels lumineux. J’adore le silence imparfait de cette ville qui s’endort doucement sous le bruit des quelques bateaux à moteur encore au large. La nuit est charmante. Comme toi, elle est bien trop belle pour la laisser seule. Je décide donc de l’accompagner. Pour me remercier, elle me fait cadeau de ta présence. De par la lune, je vois tes yeux étincelants esquisser un sourire à mon endroit. De par le bruit des vagues, j’entends ta voix caresser mes oreilles. De par l’exquise brise, je peux humer le doux parfum de ta peau. Je peux presque sentir tes doigts s’attarder tendrement le long de mon bras. Cette nuit, nous sommes tous les deux à Diu.

lundi 26 novembre 2007

dimanche 25 novembre 2007

samedi 24 novembre 2007

Inde - Photos - Jodhpur

Jodhpur

La ville bleue avec son impressionnante forteresse.

mercredi 21 novembre 2007

mardi 20 novembre 2007

Inde - La naissance du quatrième monstre

Jaisalmer

Roupies, school pen, chocolat. Il est difficile d’entrer en contact avec les enfants défavorisés de l’Inde sans qu’un seul de ces trois mots surgisse. On s’approche, on leur sourit, on leur demande leur nom… rien à faire, la communication semble se limiter à ces trois articles. On peut facilement imaginer la curiosité des enfants envers les étrangers il y a trente, vingt ou dix ans.

Que s’est-il passé ? L’historien diplômé que je suis va tout vous expliquer.
Il y a fort longtemps, les quelques voyageurs parcourant le pays bénéficiaient de formidables relations avec les enfants croisés sur leur route. Les conversations mimées, les sourires gratuits, les fous rires inexpliqués, les rapports authentiques, les rencontres devaient être tout simplement magiques. Il y a disons… 30 ans (1), un de ces touristes (2), remplie de bonnes intentions, posa un geste tout simple mais o combien lourd en conséquences. À la suite d’une belle rencontre, elle laissa à un enfant une pièce d’une roupie.

Le jour, la semaine, le mois suivant, un second touriste débarqua au village du jeune garçon. Encore une fois, fabuleuse expérience : sourires, rires, jeux et puis l’étranger s’éloigne. À la toute dernière seconde, le gamin se rappela de la pièce si gentiment offerte lors de la rencontre précédente. C’est alors qu’il prononça bien innocemment le mot « roupies ». Le premier monstre était bien involontairement né. Obtenant encore une fois une pièce, il répéta le geste, l’expliqua à ses copains, si bien que rapidement tous les enfants de l’Inde connaissaient la recette. C’est alors que les relations changèrent, l’authenticité, la curiosité, tout cela revêtit de moins en moins d’importance. Au cours d’une conversation, le mot « roupies » tardait de moins en moins. Il vint même à devancer le « Namaste » d’usage. Parfois, il le remplaça totalement. L’étranger avait beau sourire, poser des questions, marcher sur les mains, l’enfant répétait inlassablement le mot. « Ce riche étranger a l’air gentil, il me donnera bien une roupie ou deux ! » se dit-il.

Il y a environ 20 ans, un autre étranger (3) attentionné arriva en Inde. Elle en était à son second voyage dans ce fabuleux pays et elle était nostalgique du temps où le mot « roupies » ne venait pas tout détruire. Pour établir à nouveau un lien particulier avec les enfants et concernée par le taux d’analphabétisme, elle décida d’apporter des crayons (4). La découverte se propagea aussi vite chez les étrangers à la recherche d’un contact authentique que chez les enfants. Si bien qu’au mot « roupies » s’ajouta celui de « school pen », le second monstre avait été engendré. Rapidement, ni les pièces ni les crayons ne suffirent plus. Le fossé devint de plus en plus large entre ces enfants et les voyageurs.

Il y a plus ou moins 10 ans, l’Inde reçu la visite d’un autre étranger inventif (5). Voulant franchir ce fossé, il apporta avec lui une denrée drôlement plus efficace que des crayons : du chocolat. Le résultat était probant. Les mots « roupies » et « school pen » étaient toujours présents mais les barrières tombèrent à grands coups de Kitkat et de barre Mars. Toutefois, les effets furent bien temporaires et le manège se répéta : le troisième monstre, sucré mais tout aussi terrible, avait vu le jour. Ainsi, tous les enfants indiens adoraient la sainte trinité : roupies, school pen, chocolat.

D’après de très récents rapports, à l’instant même que j’écris, un étranger (6) inventif et lui aussi fort bien intentionné, se promène en Inde en offrant des Polaroids aux enfants. À son tour, il participe à cette image de l’étranger pourvoyeur qui tue toutes possibilités d’échanges. Bien que sa nouvelle technique fonctionne rondement, il est en train d’enfanter le quatrième monstre. La prophétie veut heureusement que dans 10 ans, un nouvel étranger viendra en Inde à la rencontre des enfants. Il n’apportera avec lui, ni roupies, ni crayons, ni chocolat, ni polaroid. Dieu seul sait ce qu’il apportera (7), mais espérons simplement que cette fois, les barrières tomberont avec autres choses que de menus objets de pacotilles (8).


1 : Après tout, l’Histoire n’est pas une science exacte.
2 : Les historiens croient qu’il s’agissait d’une touriste espagnole résidant à Barcelone.
3 : D’après de récentes études archéologiques, il s’agirait d’une américaine de l’Orégon.
4 : Pas n’importe quels crayons, des crayons pour l’école.
5 : La dendrochronologie nous laisse croire que ce touriste était de nationalité française, plus précisément de la région de Chamonix.
6 : La datation au carbone 14 nous révélera un jour qu’il s’est déjà nourri chez un certain Mr Patates et chez Ali-Baba.
7 : Si seulement le canadien le savait !
8 : Et si le plus beau présent, c’était simplement le don d’un peu de son temps. Et si le secret était de jouer avec eux au cricket…






jeudi 15 novembre 2007

Inde - Enigmus Canadiensis

Jaisalmer


Les déplacements sont souvent sources d’attente. Voilà pourquoi moi et mes compagnons de voyage jouons régulièrement au jeu des énigmes. Certaines sont plus faciles que d’autres, la plupart sont loufoques. Toutefois, elles ont toutes un point en commun, elles activent nos neurones aux moments opportuns. Chers lecteurs, il est temps de jouer avec vous. Je vais vous poser une énigme. Celle-là même qui a occupé mon esprit pendant plusieurs heures. Prêts ? Allons-y !

Un canadien se ballade à travers un pays pauvre (prenons aléatoirement l’Inde…). Il rencontre des mendiants de tout acabit : des vieillards aveugles, des femmes aux membres rongés par l’infection, des enfants affamés, des mères aux bébés inanimés, etc. Depuis des semaines, il côtoie la misère humaine. Soudain, il croise une gamine s’amusant à lancer un pauvre chiot. Celui-ci, blessé, boite péniblement vers un lieu plus sûr. Cette scène arrache le cœur de ce canadien. Il sent une douleur, une tristesse qui dépasse le malaise éprouvé devant les mendiants. Comment expliquer cette réaction disproportionnée ? Ce canadien est-il un monstre ?

Voici donc l’énigme qui m’a fait énormément réfléchir ces derniers temps. Je vous la soumets, je vous demande d’y penser à votre tour. Peut-être pouvez-vous m’aider à trouver une réponse. À plusieurs, nous ne parviendrons peut-être pas à la solution mais nous pouvons nous y en approcher. Dans quelques jours, je vous offrirai le fruit de ma propre réflexion. D’ici là, j’espère lire ici-bas vos hypothèses. J’espère plus simplement vous faire méditer. En terminant, je vous donne un seul indice supplémentaire : je pense bien connaître ce canadien et il n’a rien d’une bête insensible…

Un chien en Inde ressemble en tout point à son lointain cousin canadien. Il aboie, il donne la patte, il court après les chats, il zigne… Il pourrait être le vôtre, il pourrait être le mien. Il en va bien autrement des êtres humains qui peuplent ce pays fabuleux. La majorité semble provenir d’un autre univers, un monde auquel je n’appartiens pas, que je ne saisis pas tout à fait. Il y a donc un fossé entre cette personne et moi. D’autres vêtements, d’autres mots, d’autres gestes. Se crée alors un détachement face à cet être avec lequel j’ai peine à m’identifier. Dans ce décor complexe et impénétrable qu’est l’Inde, ces gens s’ajoutent aux nombreux éléments incompréhensibles pour l’étranger que je suis. Je ne parle pas ici de tous les Indiens. En effet, il en va bien autrement des petits hôteliers, des restaurateurs, des marchands et des guides touristiques qui côtoient constamment les Occidentaux et avec qui on partage une même langue, les mêmes habits et souvent le même humour. La réflexion faite ici haut concerne principalement les mendiants. Ces derniers ne parlent pas anglais mais n’ont-ils pas les mêmes espoirs, les mêmes peurs ? Pourquoi alors un tel détachement ? Après tout, eux aussi mangent, aiment, rient, pleurent, rêvent et… mendient.

Le chien ne mendie pas. Il ne tend pas la patte pour quelques roupies. Il ne cherche pas à mettre à profit sa condition miséreuse. En Inde, la mendicité m’apparait comme un sordide spectacle. On a cette impression d’être au théâtre : le décor, les comédiens, les costumes, on pourrait presque voir le maquillage… Les mises en scène les plus tragiques sont certainement les plus payantes. On assiste quotidiennement à un prodigieux freak show. Résultat, on ne voit plus le drame qui véritablement s’y joue. Car même si le rideau tombe en fin de soirée, il n’en reste pas moins que les comédiens vivent dans la rue, affamés, dénudés, brisés. Leur propre misère, voilà tout ce qui leur reste à mettre à profit. Peut-on vraiment leur en vouloir ? Je ne connais pas la conclusion de ce triste spectacle. Je ne peux me résoudre d’encourager cette sombre industrie théâtrale. Je décide de ne pas y prendre part, les roupies resteront dans ma poche jusqu’au prochain serveur, garçon de chambre ou conducteur de pousse-pousse.

lundi 12 novembre 2007

Inde - Le compte des cinq et une nuit

Désert du Thar

Une semaine dans le désert sur le dos d'un dromadaire

Jour 1
Tu découvres avec émerveillement les beautés du désert.
Craintif, tu t’agrippes solidement à ta monture et ce, sans répit.
Tu te réveilles au beau milieu de la nuit en compagnie de toutes les étoiles de la galaxie.
Tu te retiens toute la nuit car tu crains d’aller pisser sur un scorpion.



Jour 2
Tu te lèves le matin en pensant que finalement, les dunes de sable sont moins confortables pour ton dos que tu ne l’aurais imaginé.
Tu ne réagis plus aux monstrueuses flatulences des dromadaires qui te précèdent.
Tu manges sans préalablement te secouer les mains.
Tu peux sentir l’odeur de ta monture même si tu trouves à une centaine de mètres.
Pour plus confort, tu essaies vainement de meubler le sable sous ton lit avant d’aller dormir.
Tu t’endors sans trop t’inquiéter des petits grattements qui proviennent de ton sac à dos.




Jour 3

Tu te réveilles le matin avec l’impression d’avoir porté ton dromadaire sur ton dos toute la nuit.
Tu conduis toi-même ton dromadaire.
Tu réalises que tu es imprégné de la répugnante odeur de ton dromadaire.
La démarcation de ta montre sur ton poignet gauche ne parait presque plus.
Tu écoutes les interminables histoires de ton camelman sans vraiment comprendre.



Jour 4
Le matin, tu ne te préoccupes plus des empreintes autour de ton lit.
Tu commences à dégager une forte odeur car quelques unes des mouches de ton dromadaire préfèrent maintenant te tourner autour.
Même après deux heures de randonnée, tu es toujours confortablement assis sur le dos de ton dromadaire.
Aux toilettes, tu as trouvé la position idéale pour ne pas trop salir tes pantalons.
Tu es si loin de toute « civilisation » que le projet Souvenirs d’enfance prend tout son sens.
Tu comprends pourquoi la Grande Ourse ne s’appelle pas simplement Grand Chaudron.



Jour 5
Tu contemples la beauté du levé du soleil sans penser sortir ton appareil photo.
Les mouches qui t’ont adopté ne te dérangent plus.
Ton dromadaire comprend le français.
Tu jures ne plus jamais poser de questions à ton camelman au sujet de la mythologie hindoue.
Tu rationalises le papier de toilettes pour t’assurer de jamais n’en manquer.
Tu vas aux toilettes en pleine nuit sans penser aux serpents et aux scorpions qui font de même.



Jour 6
Tu commences à comprendre l’anglais de ton camelman.
Tu as converti ton dromadaire au christianisme.
Tu manges les dals préparés par ton camelman sans que tes lèvres brûlent.
Ayant totalement perdu le sens de la raison, tu décides de prolonger ton séjour d’une journée.
Tu associes une étoile à tous ceux que tu aimes et qui te manquent.



Jour 7
Ton dromadaire t’obéis finalement.
Tes fesses commencent à avoir un merveilleux teint.
Tu commences à avoir hâte de rentrer.
L’exposition de ton cerveau à toute cette chaleur te donne des idées complètement folles.

jeudi 1 novembre 2007

Inde - Photos - Bikaner

Bikaner

Quelques photos de Bikaner, premier contact avec le Rajasthan. Notez le temple des rats, la soi-disant huitième merveille du monde !!!