dimanche 20 décembre 2009

Pour ne jamais oublier

Cela fait bientôt un an et demi que je suis revenu au pays. Le temps passe bien vite. Pourtant, j’ai cette impression que je n’ai rien oublié. Les images, les sons, les odeurs, les rencontres, les sensations… tout est encore là dans ma mémoire. Pour combien de temps encore, je ne saurai le dire. Je sais que progressivement, ils laisseront leur place à de nouvelles expériences, à de nouveaux souvenirs. Ainsi, depuis mon retour, je suis hanté par l’idée d’oublier. De par leur virtualité, mon blog et mes photos numériques me paraissent bien vulnérables. J’éprouve le besoin de matérialiser ces souvenirs. Voilà donc le prétexte de cet ouvrage. Ce livre, j’y songe depuis longtemps. Je le fais d’abord pour moi. Pour ne jamais oublier.

Le jour de mon vingt-neuvième anniversaire, je partais à la découverte de l’Asie. Inquiet, je laissais derrière parents et amis en leur promettant de leur donner régulièrement des nouvelles. Armé de ma caméra vidéo et de mon appareil photo, j’étais convaincu que mes témoignages allaient prendre la forme d’images aussi splendides qu’insolites. Je croyais que les vidéos et les photos allaient constituer mes plus beaux souvenirs de voyage. J’avais à demi raison. Bien évidemment, mes clichés me sont d’une grande valeur. Toutefois, elles ne constituent pas le plus important trésor que j’ai rapporté avec moi. Je l’ai souvent répété, cet honneur revient à mes textes. Au départ, j’étais loin de me douter de l’importance qu’auraient les mots dans cette folle aventure. Je ne soupçonnais pas encore que j’allais tant écrire. Je ne me connaissais pas cette urgence d’écrire, ce besoin de rapporter, de conter. Car si mes photos représentent bien ce que j’ai vu lors de ces dix mois d’exil, mes textes dépeignent ce que j’y ai vécu. Les photos témoignent de mon voyage alors que mes histoires révèlent qui je suis. À travers ce récit, c’est d’ailleurs ce dont je suis le plus fier, je ne me contente pas de décrire ce que j’ai fait ou vu, je laisse beaucoup de place à mes réflexions, mes angoisses, mes émotions, à tout ce que j’ai ressenti. J’espère que ce voyage à travers l’Asie et à travers mes états d'âme saura vous divertir, vous toucher, vous inspirer, vous faire rêver. J'espère que cet odyssée à travers moi-même saura vous toucher et vous émouvoir.

samedi 19 décembre 2009

Et si cette conclusion n’en était pas vraiment une…

Ça fait maintenant un an et demi que je suis revenu à la maison et je n’ai toujours pas composer ma conclusion. Qui aurait cru que j’allais prendre tant de temps avant de réussir à terminer cet ouvrage. Moi qui avait rédigé plus de 80 textes en onze mois, me voilà incapable d’en écrire un seul, le dernier, celui qui saura clore de belle façon ce périple. La pression est forte. Cet ultime billet, je le souhaite digne des autres. L’épilogue se doit d’être à la hauteur. Je suis très fier de certaines de mes chroniques, je ne peux donc pas me résoudre à terminer sur une note décevante. Mais comment retrouver cette délicieuse inspiration qui m’accompagnait de semaines en semaines, de contrées en contrées, de pensées en pensées. Comment me replonger dans cet état providentiel qui nourrissait mon imagination et ma sensibilité. J’étais un voyageur, un voyageur libre. Dans l’autobus qui m’amenait de Luang Prabang à Vang Vieng, j’avais le temps de réfléchir. Les paysages fabuleux qui défilaient à la fenêtre; les collines, les villages, les ravins, tout ça m’animais. Faisant fi du passé et de l’avenir, j’étais totalement absorbé par le moment présent; pas de téléphone, pas de courriel, pas de radio, pas de télé… N’ayant pas à réfléchir au souper que je devais concocter, au chèque que je devais poster, au linge que je devais transférer dans la sécheuse … N’ayant d’autres préoccupations que mes propres états d’âme, je méditais avec grand bonheur sur la vie, la mienne en particulier, la nôtre en général. On a bien peu souvent ce luxe ici, les distractions sont trop nombreuses, les tracas innombrables. Donc je vous confie mon secret, il n’existe pas meilleure source d’inspiration qu’une totale liberté d’esprit. À défaut de retrouver cet état, il me faut tout de même pondre ce fichu texte, alors débutons…

En fait, ce mot de conclusion, je l’ai imaginé depuis longtemps. Quoi de mieux que d’attendre un peu avant de jeter un regard sur ce fameux voyage. Ce périple a-t-il fait de moi un meilleur homme ? Suis-je changé ? Vois-je la vie de la même façon ? Mange-je mieux qu’avant ? Regarde-je moins de merde à la télé ? Conjugue-je mieux les verbes d’une phrase interrogative ? Mon texte final se devait de jeter un peu lumière sur ces mystères car après tout il m’apparaît évident que l’on ne revient pas totalement indemne d’un tel périple. Pourtant, désolé si vous attendiez des solutions, je ne vous en fournirai pas. Ce n’est pas faute d’avoir cherché, je n’ai juste pas encore découvert les réponses ou la façon de les formuler clairement. L’inspiration n’est toujours par revenue après un an et demi alors ça m’étonnerait qu’elle reviendra de sitôt. Et si l’inspiration se cachait volontairement de peur de mettre un point final à cette aventure. Et si cette conclusion n’en était pas vraiment une…