dimanche 30 décembre 2007

Now that I drink tea...

Londres

Avant de passer le temps des Fêtes à Montréal, j’ai fait un arrêt en Europe. Tant qu’à payer un billet d’avion, pourquoi ne pas en profiter pour visiter une capitale européenne. Malgré le vaste choix de villes fascinantes qui se présentait à moi, Londres s’est imposée par elle-même. Après l’Inde, la capitale anglaise s’avérait être un choix logique et fort intéressant. De plus, je rêvais d’y mettre les pieds depuis longtemps. À l’historien que je suis, Londres constitue une véritable Mecque. Au fan invétéré du club de foot d’Arsenal que j’incarne, la visite de Londres prend la forme d’un pèlerinage. Six jours, c’est bien peu pour explorer une cité aussi riche. Six jours, c’est bien suffisant pour dépouiller un pauvre voyageur…



Vivre à Londres coûte cher, je n’apprends rien à personne,. Je l’ai constaté dès ma sortie d’Heatrow. J’ai déboursé 25 pounds pour l’achat d’une carte magnétique donnant l’accès au métro pendant une semaine. 25 pounds = 50$ canadien = 2000 roupies = Prix d’une voiture avec chauffeur pour trois jours à Delhi !!! Me voilà donc dans le Tube, direction Camden Town, chouette quartier tout près du centre-ville. Le trajet de métro est plutôt long, plus d’une heure. Une heure avec un immense sourire accroché aux lèvres. Par la fenêtre, le métro n’est pas que souterrain, je vois les quartiers ouvriers, je vois défiler les rangées de maisons en briques brunes, je vois les terrains de foot, je vois la grisaille londonienne... J’ai cet étrange impression que je joue dans un film purement britannique et qu’Hugh Grant (ou pourquoi pas Elizabeth Hurley…) s’apprête à entrer dans le wagon et s’asseoir à mes côtés.



On dira ce qu’on veut sur les Anglaises, et sur leur pendant masculin, mais les Londoniens ont du style. Les gens sont ultra bien vêtus, rien n’est laissé au hasard, de la coupe de cheveux aux chaussures, tout est impeccable. Avec mon vieux manteau, mes pantalons tâchés et mes bottes poussiéreuses, j’ai tout simplement l’air d’un mendiant… Venant d’un voyageur qui revient de l’Inde, la remarque peut sembler déplacée mais n’oublions pas que nous sommes simplement le Crésus de l’un et le Job de l’autre. Peu importe lequel des deux rôles je jouais ce jour-là, j'étais bel et bien dans le métro de Londres et j’avais le sourire aussi large que la Manche.



Sans trop de problème, je trouve mon auberge de jeunesse. Dieu merci, ici les noms des rues sont affichés. Dormir à Londres coûte cher. 18 pounds pour partager un dortoir avec cinq inconnus = 36$ canadien = 1440 roupies = Prix d’un véritable palais en Inde, inconnu non compris ! Heureusement, à ce tarif, le déjeuner était compris. Car vous pouvez l’imaginer, manger à Londres coûte cher. On obtient difficilement un dîner pour moins de 10 pounds, un souper pour moins de 15 pounds = de 20 à 30$ canadien = 800 à 1200 roupies = un banquet digne des plus grands Maharajas.



À Londres, visiter est une des rares activités qui soit peu dispendieuse. La plupart des musées sont accessibles gratuitement. J’en ai profité pour en faire quelques uns… Imperial War Museum, Churchill Museum, British Museum, Museum of London, National History Museum, National Gallery… D’autres attractions sont payantes: Tower of London, Saint Paul’s Cathedral, London Eye, Westminster Abbey… pour un tarif moyen de 10 pounds = 20 $ = 800 Roupies = Prix d’entrée pour visiter le Taj Mahal, de loin l’attraction la plus dispendieuse en Inde.



Londres m’a réservé de belles surprises. Notamment le samedi soir 15 décembre. Marchant vers le Tate Museum, je tombe sur une très vieille et superbe église. Quelques passants entrent, d’autres sortent. Je décide d’aller y jeter un coup d’œil. À l’intérieur, le lieu est calme, paisible, tout simplement merveilleux. L’endroit me rappelle vaguement un autre… On m’apprend qu’une chorale s’apprête à offrir un concert de Noël. J’achète un billet, je prends place, je profite de cette splendide musique, il est 20h à Londres, 15h à Montréal… À des milliers de kilomètres, au même moment, Bonsecours résonne sous les traditionnelles Choralies. Je suis déjà à la maison.



Je ne peux terminer cet article sans mentionner l’accueil chaleureux de mon ami Henry, un anglais qui a étudié à Concordia il y a déjà quelques années. Étant un grand fan d’Arsenal, mon club de foot préféré, il m’a invité à regarder un match dans un pub et à faire la visite du stade. À quelques jours d’intervalles, les deux expériences sont mémorables. D’abord, victoire des Gunners sur Chelsea, leurs rivaux londoniens. L’ambiance dans le pub était survoltée. Même un match des Canadiens en séries ne provoque autant d’émotions. Ici, le foot c’est sérieux. Aucun supporter de l’autre équipe n’est admis dans l’établissement. Dans les pubs comme dans les gradins, on sépare les supporters, on évite les confrontations. Quelques jours plus tard, moi et Henry partons pour une visite guidée du stade : terrain, galerie de presse, chambre des joueurs, parking… rien de trop beau pour les gamins que nous sommes !!!

Cheers Henry !

vendredi 28 décembre 2007

Vive le traîneau magique du Père Noël !

Bangkok

Et puis ? Comment s’est passé votre Noël ? Avez-vous bien observé autour de vous ? La magie existe-t-elle toujours ? Si vous en doutez toujours, demandez à ma famille ! Je crois qu’ils viennent de passer un merveilleux Noël. Pourquoi dites-vous. Ne manquait-il pas un membre ? Il faut dire que je leur avais préparé toute une surprise !!!

Le tout a débuté au mois de novembre, en plein désert du Thar. Assis confortablement sur mon dromadaire, je cherchais un moyen de combler mon absence, un présent à offrir, un truc qui leur ferait plaisir. Le plan initial était qu’au jour du 22 décembre (journée à laquelle ma famille devait célébrer Noël), je devais les appeler à 13h précise. C’était trop simple, ça manquait un peu de piquant. J’ai donc songé à écrire un texte, à produire un diaporama, à monter un message vidéo… quelque chose de touchant qui pourrait leur faire comprendre à quel point j’aurais aimé être à leur côté pour la fête de Noël.

Est-ce le soleil qui a brûlé mon cerveau ? Est-ce les mouches me tournant autour qui m’ont fait perdre la tête ? Est-ce la déshydratation qui m’a fait perdre la raison ? Toujours est-il que l’idée du cadeau parfait est venue à moi. Concrétiser cette surprise idéale nécessitait d’abord quelques recherches sur Internet, question de vérifier la potentialité financière du projet. Le cœur étant beaucoup plus puissant que la tête, la passion a su convaincre la raison. Avant même de quitter le désert, avant même de consulter le Web, ma décision était prise : à 13h le 22 décembre ce n’est pas le téléphone qui allait résonner mais la sonnette de la porte…

Si je vous dis que le Père Noël m’a fait un lift, me croiriez-vous ? Si je vous dis que ma mère m’a serré contre elle en pleurant, me croiriez-vous ? Si je vous dis que mes deux neveux chéris ont sauté sur mes jambes en riant, me croiriez-vous ? Si je vous dis que ma sœur a crié hystériquement, me croir…. Bon celle là, j’en conviens, elle n’est vraiment pas dure à croire… Si je vous dis que cet accueil est une des plus belles preuves d’amour que j’ai jamais reçu, me croiriez-vous ? Des instants comme ceux là, ça n’a pas de prix. Et de toute manière, une fois l’idée en tête, il m’était impossible de faire marche arrière, les regrets auraient tôt ou tard pris le dessus. Et dieu sait à quel point je déteste les regrets. Je ne pouvais manquer cette opportunité d’offrir un présent unique et irremplaçable. Je pensais d’abord à mes parents, eux qui m’ont tant offert. Je voulais simplement leur donner un peu en retour. Je songeais également à mes neveux. Ensevelis sous les présents, comme tous les enfants, j’espère leur avoir enseigné que les plus beaux cadeaux ne se trouvent pas toujours sous le sapin. Pour ma part, j’ai encore une fois réalisé que le plaisir de donner est beaucoup plus puissant que de recevoir. Pour la toute première fois, je n’ai ouvert aucun cadeau. Pourtant, ce 22 décembre 2007 restera à jamais marqué dans ma mémoire comme le plus beau des Noël.


À tous ceux qui me trouvent fou, je vous dis… Merci !


jeudi 13 décembre 2007

Inde - L'Inde au pluriel

Delhi

En quittant un pays, la tentation est grande de donner ses impressions. Je veux bien me prêter à cet exercice, toutefois, je sais trop bien que trois mois sont largement insuffisants pour dresser un portrait juste. Après tout, j’en ai parcouru qu’une toute petite partie. Mon séjour m’a permis de constater une chose : l’Inde est multiple. C’est une terre de contraste. Peut-être ce n’est pas un hasard si les explorateurs de la Renaissance rêvaient d’accéder aux Indes. L’Inde est plurielle, elle est multiple. 22 langues reconnues, les cinq grandes religions représentées (auxquelles s’ajoute une multitude d’autres) ainsi qu’une panoplie de cultures et de traditions.

Le territoire est vaste, les paysages variés. J’ai vu des montagnes enneigées, des jungles luxuriantes et des contrées désertiques. Par le fait même, j’ai traversé des climats opposés. À Badrinath, même revêtu de tout mon linge le plus chaud (coton ouaté, manteau d’hiver, combine sous mes pantalons, tuque, botte d’hiver), j’ai gelé intensément. À l’inverse, le soleil brûlant dans le désert du Thar m’a laissé un joli teint. Compte tenu que la saison des moussons était bel et bien terminée, je n’ai pas rencontré beaucoup de pluie.

J’ai visité des mégalopoles surpeuplées et des villages reculés. J’ai vu des vaches à Delhi et des coupoles de télévision satellite en plein désert. Le rural et l’urbain se mêlent parfois bien étrangement. Il y a certains éléments qui ne se mélangent pas aussi facilement, les classes sociales par exemple. On sent toujours le poids immense du système de castes. Bien qu’en théorie, le système n’apparaît plus dans le code de lois depuis belle lurette, il en va bien autrement dans la tête des Indiens. L’ascension sociale ici semble être une rare exception.

L’argent aussi ne circule pas. Les riches en ont plus qu'ils ne pourraient en dépenser, les pauvres n’en n’ont tout simplement pas. Le fossé est gigantesque. Il est vrai qu’une classe moyenne prend forme, mais il n’en demeure pas moins que la vaste majorité vit dans une extrême pauvreté. En Inde, je me sens comme Donald Trump, sans la mise en plis. Mon budget de voyage étant étalé sur plusieurs mois, j’ai évité les hôtels, restaurants, et moyens de transport luxueux. Mais croyez-moi, en temps normal, nous tous avons les moyens de vivre en véritables maharajas. Cependant, le plaisir du voyage réside justement à travers les ballades en rickshaws, les trains de la 2e classe et les autobus publics. Il serait bien dommage de rater ce rendez-vous avec la population locale uniquement pour une raison de confort.

Car après tout, ce que je retiens le plus de mon séjour, ce n’est ni les paysages, ni les monuments, mais bien les Indiens. Plus particulièrement, leurs étranges comportements, leurs manières bizarres, leurs mentalités différentes. Je les ai observés. Je les ai vus agir. Je connais un peu mieux leur façon de vivre. Toutefois, je ne peux pas affirmer que je saisis leur univers. Il est tellement plus facile de juger que de comprendre. Je l’ai souvent dit et je le répète à nouveau : l’Inde est un autre monde, un monde surréaliste et insoupçonné. Un monde où l’ordre prend des allures de chaos. Un monde qui m’a fait réfléchir plus qu’il m’a touché. Un monde où la philosophie l’a emporté sur la spiritualité. Un monde que jamais je ne comprendrai et surtout, que jamais je n’oublierai.

lundi 10 décembre 2007

Inde - Photos - Kajuraho

Ceci est un avertissement, certaines photos pourraient choquer une partie de mon auditoire. Vous voila avertis !!!

samedi 8 décembre 2007

Inde - Photos - Souvenirs d'enfance - Varanasi

Varanasi

Voici quelques photos de Souvenirs d'enfance que j'avais oublie de rajouter. Si vous etes attentifs, vous verrez que y'a un petit malin qui m'a joue un tour...

vendredi 7 décembre 2007

Inde - Les larmes du Gange

Varanasi

Assis sur les abords du Gange, je vois la boue, les déchets, les eaux souillées. Sur certains ghats à Varanasi, tous les jours de l’année, à toutes les heures de la journée, on y brûle des corps. Pour un hindou, y être incinéré représente bien plus qu’un honneur, c’est une bénédiction.



Assis sur les abords du Gange, je vois les cadavres recouverts d’un linceul fleuri, les bûchers enflammés, les nuages de cendres. Tout près, je vois des hommes, que des hommes. Certains sont de la famille des défunts, les autres, encore moins chanceux, sont attitrés à cette tâche ingrate qu’est la crémation des corps. Ils font partie de ces fameux Intouchables. Il est parfois difficile de distinguer les deux groupes, l’absence d’émotion caractérise aussi bien les uns que les autres. Les hommes parlent, rient, discutent au téléphone cellulaire, pissent, se décrottent le nez, se grattent la poche, un peu plus loin, ils jouent au cricket. C’est l’Inde quoi !

Assis sur les abords du Gange, je vois la vie, mais je ne comprends pas. Je vois les cadavres qui brûlent, la chair qui fond, les bras qui se raidissent, les doigts qui se crispent, les jambes qui s’élèvent, les visages qui partent en fumée, les corps qui deviennent cendres.



Assis sur les abords du Gange, je vois la mort, mais je ne comprends pas. Je vois les chèvres brouter les parements fleuris des cadavres, les chiens qui attendent patiemment, les touristes qui s’approchent un peu trop.

Assis sur les abords du Gange, je vois mais je ne comprends pas. Et puis, un bruit, un sanglot se fait entendre. Un homme s’approche en pleurant. Accompagné, il descend au fleuve, gémissant de plus en plus fort. Désespéré, il s’effondre dans la boue, aux pieds d’un des cadavres, celui de sa jeune épouse partie trop vite. Le visage entre les mains, il pleure bruyamment. Il retire ses chaussures, descend dans le Gange, se penche pour prendre de l’eau dans le creux de ses paumes, s’asperge le visage, il pleure abondamment. Il regarde au loin, sur l’autre rive, se demandant surement pourquoi. Il reprend de l’eau et dans un geste sacré, il en dépose sur le visage de sa bien-aimée. Il s’éloigne en sanglotant, sa douleur est immense, incapable de le supporter, ses jambes flanchent, il s’écroule à nouveau sur le sol boueux. La main sur ses épaules, ses amis tentent de le réconforter. Rien à faire, cet homme pleure. Parmi ces centaines d’Indiens inflexibles, il m’apparait comme une bouffée d’air frais. Lui, je le comprends. Il pleure, il se sent surement bien seul. Pourtant, je pleure avec lui.



Assis sur les abords du Gange, je pleure. Cet homme me touche droit au cœur et me réconcilie, l’espace d’un instant avec l’Inde. Ce pays que je traverse depuis trois mois et que je ne saisis toujours pas. Dans cet endroit d’horreur, la douleur et l’humanité de cet Indien sont d’une beauté déconcertante.

Assis sur les abords du Gange, je pleure, couvert de cendre, vivant et heureux.

dimanche 2 décembre 2007

samedi 1 décembre 2007

Inde - Partager un repas, quel bonheur !

Dans un train entre Ahmedabad et Jaipur

J’aime l’Inde ! Rarement depuis mon arrivée me suis-je senti aussi près de ce pays. Je suis inconfortablement assis dans mon wagon de train. Destination : Jaipur. Tout autour, fils et filles de Brahma discutent, lisent le journal, jouent à des jeux sur leur cellulaire, ils vivent. Pendant que j’écris ces mots, un couple âgé d’une soixantaine d’années se prépare pour souper. Après avoir déposé un thali et quelques chapatis sur une petite assiette en carton, elle pèle un oignon. Les deux assis en indien, sur la même banquette, ils partagent en silence le repas. Du bout des doigts de leur main droite, règle d’hygiène oblige, ils font de petites boulettes qu’ils portent à leur bouche. La femme sort une bouteille d’eau minérale contentant un liquide blanc, probablement du lait. Elle en verse dans deux verres cartonnés. N’ayant rien prévu pour le voyage, l’odeur du repas réveille mon estomac. Celui-ci s’agite. On arrive à une gare. Sur le quai, une multitude de vendeurs ambulants clament haut et fort la nature de leur commerce. À travers les barreaux d’une fenêtre, un homme du wagon obtient un repas en échange de quelques roupies. Bien enveloppé dans un sac de plastique blanc, on devine une boîte de carton. Il ne manque sur celle-ci que la tête du poulet pour se croire à la maison. L’homme rejoint sa femme sur la couchette du haut. Assis en indien, ils partagent à leur tour le repas, tout aussi silencieusement que le couple plus vieux. Le wagon est bientôt rempli d’un arôme épicé, c’est clairement l’heure de la pitance. Par l’entremise de mes narines, mon estomac envoie un message clair à mon cerveau : « J’ai faim ! ».

Cette nuit, je dormirai sur la couchette du milieu ce qui signifie que je dois attendre que mes compagnons de banquette aient sommeil. J’attends, le calepin sur les genoux, heureux. À quelle heure nous coucherons-nous ? Ça m’ait bien égal. Il y a des moments en voyage où il ne se passe rien, où le temps semble s’arrêter, où le bonheur sort de sa cachette. Je crois que des moments pareils se vivent également à la maison. Ils sont peut-être juste plus rares. L’habitude et la vitesse de notre quotidien les camouflent.

Un homme passe dans l’allée en criant : « Diner, diner ! » Finalement, je me décide. Aidé de mon voisin de banquette devenu interprète, je commande un peu de nourriture. Il en prend un également. À notre tour de partager le repas sur notre banquette. Mon nouvel ami semble excité à cette idée, il ne mange probablement pas souvent avec un étranger. Je m’efforce de manger de la main droite. Tout comme les couples qui l’ont fait précédemment, on mange sans trop parler. Il me demande à peine si la nourriture n’est pas trop épicée. La réponse se trouve déjà dans mon assiette presque vide. Aussitôt le repas terminé, à la manière indienne, il balance nos couverts cartonnés par la fenêtre. Partager un repas est un geste universel d’une grande puissance. L’inconnu devient un ami. Les bonnes bouffes entre bons copains me manquent certainement. Quoi de mieux qu’un bon souper avec ses vieux chums. Se remémorer le passé, profiter du moment présent et bâtir une amitié intemporelle.

D’autres images me viennent en tête. Celles des soupers en famille, les rendez-vous quotidiens de mon enfance. Un moment d’échange, de communion, de partage, parfois de débats. Tous ces repas constituent pour moi un véritable trésor dont je me ferai le devoir de transmettre à mes enfants. Serge assis à mes côtés, à ma gauche. Anne-Marie à ma droite, au bout de la table. Frédéric à l’autre bout. Nicole en diagonale devant moi. Je revois la scène, j’entends presque les discussions, les fous-rire. L’assiette de mon frère est déjà vide. Victime de mes caprices, la mienne est toujours pleine. Peut-être que je parle trop ! Peut-être ai-je hérité de l’appétit de mon voisin de gauche… Pauvre Nicole, cuisiner pour les Caron n’était pas une simple tâche. J’entends les conversations : vie quotidienne, actualités, politique, religion, voyage, éducation et évidemment : la garderie. Sujet incontournable qu’il fallait contenir par des restrictions. Les trois enfants, las d’en entendre parler, juraient de ne jamais y travailler…

Heureusement, la vie nous réserve bien des surprises. Les années passées, la table familiale s’est tranquillement vidée de ses convives. Les rendez-vous quotidiens ont laissé la place à des rencontres occasionnelles. Les opportunités ne manquent pas pour se réunir à nouveau. Avec le temps, la table s’est allongée afin d’accueillir cette famille grandissante. Comme le dit la célèbre maxime : « C’est avec de l’amour que l’on fait de l’amour. ». C’est toujours avec grande joie que je renoue avec ces rendez-vous me mon enfance, pur sentiment de bonheur. Dans quelques jours, la tablée se réunit pour célébrer Noël, fête familiale par excellence à mes yeux. Car après tout, malgré la prolifération des Pères Noël de centres d’achats, la fête demeure magique. Sous l’arbre de Noël, les innombrables cadeaux ont remplacé la crèche. Le petit Jésus en est probablement fort désappointé. Néanmoins, il peut être fier de la quantité d’amour engendrée à l’occasion de son anniversaire. Un amour si puissant qu’il traversera continents et océans. Il le faudra bien car cette année, la table aura un couvert en moins. Si seulement le véritable Père Noël, pas celui des Promenades St-Bruno, s’il pouvait me faire un lift ! Pour la toute première fois, le prénom d’un membre de la famille ne se retrouvera pas sous le sapin.
À tous ceux qui ne croient plus en la magie de Noël, je vous mets au défi. Entre deux cantiques, entre deux plats dans le four, entre deux bouchées de dinde, entre deux cadeaux déballés, prenez le temps d’écouter, de sentir, de goûter. Prenez la peine de regarder autour de vous, les poignées de main, les becs, les accolades, les étreintes… Prenez, mais donnez à votre tour ! Un sourire, un compliment, une oreille attentive. Je doute fort qu’après tout ça, vous n’y croirez toujours pas. À tous ceux qui fêteront Noël en famille. À tous ceux qui partageront repas, présents et amour auprès de leurs parents et amis. Faites le même exercice. Savourez ces moments magiques. Profitez de ces instants précieux.

À vous tous chers lecteurs. À vous tous chers amis, à vous et à votre famille, je vous souhaite un merveilleux temps des Fêtes. Je vous dis : « Joyeux Noël ! »