lundi 30 juin 2008

Mongolie - Nous parlons tous la même langue

Bayanzag

Hier soir, une autre de ces soirées magiques. Il devait être 10h30, il faisait noir, très noir. En Mongolie, la pollution lumineuse est un concept inexistant. D’un horizon à l’autre, les étoiles dessinent clairement les constellations, la Voie Lactée brille de tous ses feux. Je n’ai jamais vu pareil spectacle ! Magnifique décor pour aller aux toilettes. Je fais la vingtaine de pas réglementaire, m’exécute et reviens à ma ger. Tout juste avant d’entrer, on m’accoste, je suis rapidement entouré de quatre ou cinq mongols d’une vingtaine d’années qui, par quelques gestes, me font comprendre que leur batterie de caméra est à plat. Mes leçons de langue mongole ne me permettent pas de répondre avec autre chose que mes mains. L’essentiel, c’est qu’ils comprennent que je n’ai malheureusement pas le même format de batterie. Rapidement, je réalise que ce n’est pas uniquement la barrière de la langue qui explique ces efforts de gesticulations. Entre eux, ils utilisent leurs mains pour communiquer. Il s’agit d’un groupe de sourds et muets qui visitent leur pays.

Je reste dans leur ger pendant près de deux heures. Il règne un troublant silence. Une dizaine de personnes occupant un si petit espace et si peu de bruit. L’un d’entre que « parle » anglais, à l’aide d’un carnet, on communique. Toutefois, c’est avant tout leur capacité à comprendre et à se faire comprendre par le biais de leurs mains qui m’impressionne. Ils me posent des questions. Ils me demandent d’où je viens, si j’aime leur pays, si j’ai des amis sourds et muets à la maison… Honteux, je leur réponds négativement. Je réalise soudainement à quel point à la maison, les ponts sont inexistants entre entendants et non entendants. Les deux vraies solitudes. Ce soir, il n’y a pas de ponts car après tout, il n’y a même pas de rivière ! Jamais la barrière de la langue ne m’a paru aussi tenue. Et si dans le fond, nous n’en n’avions pas vraiment besoin pour se comprendre…

dimanche 29 juin 2008

Mongolie - Ciel mongol



Ulanbaatar

Qu’est-ce que tu vas faire en Mongolie ? J’ai dû répondre à cette question une centaine de fois. Pour être honnête, je n’en savais trop rien. Je répondais simplement que je me voyais très clairement traverser les steppes mongoles, chevauchant un petit cheval, faisant un Gengis de moi-même. Je m’imaginais de grands espaces, des paysages à couper le souffle, un climat terriblement froid et un peuple très chaleureux. Je ne m’étais pas trompé. Impossible de concevoir toute la beauté de cette contrée, l’immensité de ses paysages, l’étendue de ses steppes… C’est définitivement le pays du ciel. Contre toute loi physique, il est plus grand qu’ailleurs sur la planète. Il est parfois bleu, rouge, orange, rose, mauve, il est parfois clair, parfois traversé de magnifiques nuages blancs, parfois orageux, il est toujours spectaculaire. La nuit, par temps clair, il dévoile toutes les étoiles, il n’en manque pas une seule. Qu’est-ce que je fais en Mongolie ? Du trekking, du cheval, du chameau, de la jeep… Peu importe comment je me déplace, pourvu que je puisse regarder en l’air !

mardi 24 juin 2008

Chine - Entre Mao et Confucius

À bord du Transsmongolien

En quittant Hong Kong pour la Chine, j’avais quelques appréhensions. D’une part, mes parents avaient louangé le pays, son dynamisme, sa richesse, le peuple et sa gentillesse. D’autre part, j’avais encore en tête la mauvaise réputation du pays à l’étranger. Xénophobes, nombrilistes, tortionnaires, offenseurs des droits de l’Homme, occupants du Tibet, manipulateurs de l’information, et j’en passe ! Qui a raison ? Qui a tort ? Quelle Chine correspond à la réalité ? Y’a qu’une façon de le savoir, c’est d’aller voir.

Il y a certes un fait sur la Chine qui fait l’unanimité. Le pays est en pleine transformation. C’est d’ailleurs ce qui frappe en premier le visiteur. La nation se développe à un rythme effréné. Les grues de construction se comptent par milliers, elles font partie du décor. On construit partout, des buildings, des routes, des ponts, des barrages, des tunnels… Même la campagne n’échappe plus au progrès salvateur. La Chine se développe, elle s’éduque, elle se modernise. Les Chinois également, beaucoup d’entre eux vivent maintenant comme vous et moi. La chemise Ralph Lauren, le cellulaire qui fait de la musique, les RayBan dans les cheveux, ils vivent, ils aiment, ils rêvent comme vous et moi. Il y a certes toujours quelques différences culturelles qui subsistent. Heureusement d’ailleurs !

Tout d’abord, les Chinois crachent partout, dans la rue, à travers la fenêtre de la voiture, dans le train (un beau gros crachat que l’on propulse à deux pouces de ma couchette et dont le géniteur, par souci de civilité, tente de faire disparaître en l’étendant avec sa chaussure). À cette discipline, ils rivalisent férocement avec les Indiens ou leurs voisins de l’Asie du sud-est.

Autre habitude curieuse, quand ils attendent, les Chinois adoptent la position du petit bonhomme. Sur le coin des rues ou sur les quais de la gare, ils sont tous accroupis. Plus tard, j’ai compris plus pourquoi ils tenaient tant à habituer leur corps à cette position qui se veut, pour la plupart d’entre nous, fort inconfortable. Les enfants adoptent rapidement la posture. Les touts jeunes se promènent sans fond de culotte. Dans les parcs, dans la rue, n’importe où, les gamins s’accroupissent pour assouvir leurs besoins naturels. Pour nous qui protégeons avec vigueur les petites fesses de nos poupons, il est un peu troublant de voir les fesses de ces enfants reposés sur les bancs de parcs crasseux, sur les sièges d’autobus sales ou sur les banquettes de train poussiéreuses.

Autre manie typiquement chinoise, quand il fait très chaud, les hommes roulent sans pudeur le bas de leur chandail et dévoile plus de peau autour de leur nombril qu’une adolescente de treize ans. On raconte que le comité organisateur des Jeux veut enrayer cette habitude comme bien d’autres d’ailleurs. À titre d’exemple, on avait dit que les chauffeurs de taxi parleraient anglais… Je crois qu’ils sont moins nombreux que les chauffeurs montréalais qui s’expriment en mandarin ! Il ne serait toutefois pas honnête de me part de me limiter à cette description caricaturale de nos amis Chinois. J’y ai rencontré un peuple souriant, honnête et serviable. Vous n’avez qu’à arborer un air perdu sur le coin d’une rue pour qu’un bon samamandorin vous offre son aide. Chose étonnante et fort révélatrice, à la fin des courses, les chauffeurs de taxi arrondissent la note à votre avantage !

Depuis plus d’une décennie, la planète entière observe attentivement l’empire du Milieu. Avec les Jeux qui approchent, l’intérêt est accru. C’est évident, le Parti n’est pas un exemple à suivre. Le gouvernement s’est révélé coupable d’actes excessifs, rétrogrades, répressifs, inacceptables. Pas étonnant que les réprimandes affluent de toutes parts. Nous avons la responsabilité de surveiller ce qui se passe mais préservons nous d’une diabolisation envers le peuple chinois.

Appliquez-vous à garder en toute chose le juste milieu
Confucius

lundi 23 juin 2008

Chine - Photos - Beijing

Beijing


La Cité Interdite





La Grande Muraille





Autres photos

dimanche 22 juin 2008

Chine - Vivre ailleurs

Beijing

Pékin est immense. J’imagine qu’elle à l’image de la Chine. Bondée, vaste, ordonnée, polluée, ce n’est pas ma ville préférée. L’air y est vicié, la cité n’est pas conçue pour les piétons, les distances entre les stations de métro sont énormes. Toutefois, il faut lui concéder qu’elle est riche en patrimoine et qu’elle recèle encore de véritables trésors. La Cité Interdite, gigantesque labyrinthe qui nécessite à celui qui visite, une journée complète et une boussole fonctionnelle. La mythique place Tiannemen, aussi vaste que le Parti est étroit. À quelques kilomètres de la capitale, l’aussi grande que célèbre Muraille de Chine.

Pourtant, il n’y a pas que ça à Beijing. Ce que je retiendrai de mon séjour dans cette ville ne figure dans aucun guide de voyage. Apparemment, ce lieu attire annuellement moins d’une dizaine de touristes. Et pourtant, on y est reçu comme à la maison ! Mes parents, ma sœur et mon cousin Jocelyn m’avaient fortement recommandé l’endroit. Je n’oublierai pas l’appartement du 22e étage du Ocean Paradise. Vous aurez compris que quoique le logement soit très joli, c’est bel et bien leur occupant qui rend l’endroit spécial. Linda et Philippe, un sympathique couple de québécois qui ont eu la gentillesse de m’héberger chez eux pour toute la durée de mon séjour pékinois. Lui, professeur à l’école élémentaire, elle, bibliothécaire. Ils travaillent depuis un peu plus de deux ans pour une école internationale du quartier. Après avoir vécu plusieurs années dans le grand nord québécois ainsi qu’au Mali, ils relèvent le défi chinois et songent déjà à leur prochaine cité d’adoption.

À Beijing, j’ai fait la rencontre de deux amoureux. Ils aiment le voyage, ils aiment les cultures étrangères, ils aiment les autres, ils aiment beaucoup ! Ils ont choisi un mode de vie que bien peu n’oserait. Ils voyagent, ils découvrent, ils rencontrent, ils vivent ailleurs. Ailleurs, ça ne peut être le Québec. Il est vrai que lorsqu’on quitte son pays, on a cette impression de perdre le fil avec ses origines. On croit que le Québec que l’on aime tant change. Les gens que l’on aime tant croient que l’on a changé. Pourtant, il n’en est rien ! Effectivement, les concurrents de Star Académie changent, les trios du Canadiens aussi, les intrigues de Virginie un peu moins ! L’important lui, demeure. Le silence qui accompagne la première de novembre, les grandes tablées à Noël, l’ambiance formidable des festivals estivaux, je sais que personnellement, c’est ce qui me manquerait en premier. L’essentiel demeure et on l’emporte avec nous. Tout le monde sait que l’on peut sortir le Québécois du Québec mais on ne sort pas le Québec du Québécois. Linda et Philippe, croyez-moi, quoiqu’on dise, vous êtes toujours de fiers Québécois, vous en êtes d’ailleurs de dignes représentants partout dans le monde. Réclamer haut et fort cette origine si vous en avez envie. Je vous l’ai déjà dit et je le répète à nouveau. Si un jour, je choisis votre mode de vie, j’espère le faire avec autant de classe, avec autant de générosité, avec autant d’ouverture d’esprit et avec autant d’amour.

lundi 16 juin 2008

Chine - Histoire de train à dormir debout

Pingyao

Je viens tout juste d’embarquer dans le train, il est 19h32. Cette fois, je pense m’être fait avoir. J’ai acheté un billet debout pour Beijing en pensant pouvoir être « upgradé » comme la dernière fois. Il est encore bien tôt mais je ne pense pas que la situation va évoluer. Il se pourrait que je sois obligé de passer la nuit debout, avec comme espace vital deux pieds carrés, à peine pour s’asseoir par terre. Fort inquiet de la situation, je trouve un endroit pour ranger mon gros sac pour aller faire du repérage. Je me suis faufilé jusqu’aux wagons des couchettes à la recherche d’un étranger qui voudrait bien, par solidarité de voyageur, laisser poser mes fesses du moins, pour quelques heures. Me faisant gentiment chasser d’un wagon à l’autre par les dames en charge, je prétexte l’innocence et je quitte poliment et avec le sourire ! Qui sait ? La stratégie peut porter fruit à long terme. Dorénavant, toutes les chefs de wagons savent qu’il y a à bord du train un blanc qui cherche une place pour dormir. S’il venait qu’à avoir un lit qui se libère, j’espère qu’elles s’en souviendront. Pour le moment, je dois attendre entre deux wagons, tout prêt des cuisines.

À peine deux minutes plus tard, un jeune Chinois vient fumer une cigarette. Après les bonjours d’usage, il me fait signe de le suivre. Il m’amène tout juste à côté, au wagon restaurant où ses deux amis sont bien assis à une table. Ils m’offrent généreusement la quatrième place. Je ne sais combien de temps je vais pouvoir bénéficier de ce siège confortable mais j’en profite pour écrire dans mon carnet ces quelques mots…

Le repas est terminé, la serveuse nous fait comprendre que l’on doit laisser la table à d’autres. Au même moment, une dame vient me faire signe de la suivre. Je n’en crois pas mes yeux, un miracle s’est peut-être produit. Dieu existe ! À tout de moins en Chine il semblerait… Je n’en crois pas mes yeux, elle me transfert à un lit couchette moyennant un maigre 70 yuans. Je vais pouvoir dormir tranquillement. Je suis véritablement devenu un génie du voyage. Avec un immense sourire pendu sous le nez, je vais prendre possession de mon lit. Je distribue à droite et à gauche les xiéxiés et duoxiés témoignant de ma gratitude.

Arrivé à ma place, je fais la rencontre d’une famille géniale. La fille, Wowan Lu me demande si je peux lui enseigner l’anglais en échange de quelques leçons de chinois. Je suis aux anges. Surtout que ma nouvelle élève semble directement tombée du ciel. Nous passons une agréable soirée tous ensemble. Les membres de la famille prennent un malin plaisir à m’entendre pratiquer la prononciation des mots. Ils me posent des questions sur mon voyage, sur Montréal, sur ma famille… Je leur montre quelques photos logées sur mon Ipod. Avec un petit pincement au cœur, je leur présente ma famille et mes trois meilleurs chums. Le cœur gros, je leur avoue que je m’ennuie mais qu’il ne reste plus qu’une quarantaine de jours avant de retrouver les miens. Les lumières du wagon sont éteintes depuis un certain temps, nous discutons toujours. Finalement, la dame en charge vient nous avertir de nous coucher. À regret, nous nous exécutons.

Je me glisse dans ma couchette, retire mes vêtements, pose ma tête sur l’oreiller, je suis si confortable ! J’ai une pensée pour les trois types du wagon restaurant. Les pauvres, ils doivent passer la nuit debout. Je sais que je suis privilégié mais j’ai toutefois cette impression magique que cette fois, j’ai fait ma chance. Je m’endors avec la prétention qu’au fil des mois, je suis devenu un voyageur efficace. Je m’endors en ayant la certitude, encore une fois, que je suis un homme heureux.


dimanche 15 juin 2008

Chine - Le pêcheur de perle

Xian

Aujourd’hui, le pêcheur de perle a fait une belle découverte. Il n’aura suffit que de quelques heures pour être ensorcelé par son regard, son sourire, son humour, son odeur, sa beauté… Depuis le début de son voyage en mer, c’est la seconde perle qu’il rencontre. Encore une fois, il ne sait rien d’elle, mais bon sang qu’il aurait aimé mieux la connaître. Les deux dernières perles n’étaient pas les siennes, elles lui ont glissé entre les doigts.

Tout n’est pas perdu. De cette expérience, le pêcheur a gagné l’espoir. Il a maintenant la certitude que d’autres perles se cachent dans le monde. Il ne désespère pas, il sait qu’un jour, la mer lui rendra ce qu’il cherche depuis longtemps, la perle faite pour lui. Celle qui attend au fond de l’océan, celle qui sera plus brillante que toutes les autres. Une perle qu’il s’efforcera de ne pas échapper et de conserver bien au chaud au creux de sa paume.

samedi 14 juin 2008

Chine - Xian - Photos

Xian

La ville





Son trésor archéologique

mercredi 11 juin 2008

Chine - Lanternes rouges et chapeaux pointus

Guiyang

Ça fait bientôt deux heures que je suis dans la salle d’attente. Autour de moi, deux cents Chinois qui observent mes moindres faits et gestes. Le train devrait partir dans moins d’une heure. Le trajet risque d’être long. Ce qui m’inquiète, ce n’est pas tant les vingt-six heures prévues comme le siège dans lequel je serai assis. Il ne restait ni couchette, ni soft seat. À défaut d’avoir le choix, je me préparais à faire le trajet sur du hard seat. Je sens que mes fesses sauront bien assez tôt ce qu’ils entendent par siège dur. Je me dirige vers Xi’an, je laisse derrière mes nouveaux copains Monti et Emmanuel (Australien et Suédois respectivement). Les dix jours passés avec eux se sont déroulés à merveille. Il faut dire que Monti étudie le mandarin depuis un an à Taiwan. Comme la grande majorité des Chinois ne parlent pas l’anglais (et encore moins le français!), ce n’est vraiment pas un luxe de connaître quelques rudiments de la langue locale. Ça fait donc un peu plus d’une semaine que je suis en Chine et j’arrive tout juste à dire bonjour, merci, Canada, combien, trop cher, je ne comprends pas… Ma paresse linguistique des derniers jours risque de me coûter cher. Merci Monti !

Comment vous résumer mon parcours jusqu’à maintenant ? La première vraie ville chinoise visitée se nomme Guilin. Ce petit point sur la carte contient tout de même 670 000 habitants. C’est ici, dès mon arrivée à la Guest House, que j’ai fait la rencontre de Monti et Emmanuel. Guilin a été mon premier contact avec la Chine, j’ai rapidement constaté qu’il y a définitivement une partie du pays qui avance à grands pas vers la « modernité ». Les gens y vivent comme vous et moi, les rues sont d’une propreté irréprochable, les familles vont dans les parcs le dimanche et les jeunes adultes vont prendre un verre avec leurs amis dans les clubs branchés de la ville. Je pourrais vous en parler longtemps de la « night life » chinoise. Dans le cadre d’études ethnologiques, on a fait la tournée des bars.

Tout ce que je me permets de vous dire, c’est qu’ils devraient sérieusement songer à laisser leur jeu de dés de côté et penser à s’éclater un peu plus nos amis Chinois. Nous trois avons quand même réussi à mettre de l’ambiance partout où nous allions. Il faut dire que notre présence était tout aussi remarquée que celle de trois afro-américains dans un club de curling à Régina. Mettons que ça se remarque ! Je crois que j’ai dansé avec plus de filles en une seule soirée que lors des vingt-neuf dernières années réunies.



Malheureusement, on ne peut pas vraiment communiquer avec nos nouveaux copains, rares sont ceux qui parlent l’anglais. C’est d’ailleurs partout comme ça. Ça engendre parfois des petits problèmes de communication. On comprends assez vite que ce n’est pas parce qu’un Chinois te réponds « Yes » qu’il a automatiquement compris ta question. Conversation chez le barbier :

Question: « Please, can you cut my hair with the number 1 ? »

Réponse: “Yes”

Résultat:




Après toutes ces émotions, Mr. Net avait faim. On voulait un premier repas en Chine mémorable. Devinez ce qu’on a commandé au resto du coin ? Les végétariens ou les personnes atteintes du syndrome de Walt Disney sont invités à sauter au prochain paragraphe. Pour débuter le repas, nous avons partagé une entrée de viande de cheval. Le « Nous » est en fait Emmanuel et moi car Monti est végétarien !!! Nous avons poursuivi notre exploration avec la mythique assiette de chien. Si vous voulez mon avis, Rantanplan a bien meilleur goût que Jolly Jumper !





Ville de Guilin





Grottes de la région




On y vient principalement à Guilin pour faire la magnifique ballade sur la rivière Li qui nous amène jusqu’à la charmante ville de Yangshuo. Nous n’avons pas fait exception à cette règle. Voici quelques photos afin de combler le besoin de mes lecteurs visuels et afin de m’éviter d’avoir à chercher les synonymes des mots superbes, splendides et magnifiques.





À Yangshuo

Au menu : ballade à vélo dans un décor de film chinois… C’est simple, on pédale, on pédale, on s’arrête, on contemple, on prend une photo, on contemple à nouveau pour ne jamais oublier.





Ping’an

Joli petit hameau au milieu de rizières sculptées à flanc de collines. La Chine rurale est demeurée celle des dragons, des lanternes rouges et des chapeaux pointus.





Sur la route de Zhaoxing

Petite note à mes parents : les routes chinoises ne sont pas toutes asphaltées et bordées d’arbres. Les chemins ici sont dans un état plus lamentable que tout ceux précédemment empruntés (Laos, Inde et Népal confondus).





Zhaoxing






Souvenirs d’enfance


23 enfants. 23 portraits. À tout ceux qui ont cru au projet Souvenirs d’enfance, 23 000 fois, ils vous disent : « Xiéxié ! ».




samedi 7 juin 2008

Chine - Le spleen du voyageur

Ping'an

Ok ! je l’avoue. Je m’ennuie de chez nous. Ça vient tout juste de me frapper. Pour le première fois depuis le pénible départ à Delhi, j’aimerais bien être à la maison. Les cinquante jours qui restent me semblent soudain bien longs. Et pourtant, je connais la vitesse folle à laquelle le temps passe. Alors pourquoi ? Pourquoi ce spleen ?

Est-ce la Chine ? Je ne crois pas, je passe vraiment du bon temps ici. Le pays est magnifique. J’aurais l’occasion de vous en reparler plus tard.

Est-ce la faute du ministère chinois de la censure ? (officiellement appelé ministère de l’Information) Ils n’apprécient apparemment pas mon blog de voyage. Il est bloqué tout comme d’ailleurs le révolutionnaire et insidieux site de Radio-Canada… Je me sens isolé, bien loin de vous tous. On a coupé le fil qui me reliait à la maison.

À qui la faute ? Peut-être que j’appréhende déjà les problèmes pour entrer en Mongolie et en Russie. Je dois être à Beijing dans six jours pour obtenir mon visa. Greg et Marie quitte la capitale vers le 22 ou 23 et j’aimerais bien découvrir les steppes de Gengis Khan avec eux (je vous ai déjà dit à quel point j’aimais voyager avec eux ?). Je dois penser également au visa russe, au billet pour le transsibérien, à mon vol de retour…

Stop ! Mais qu’est ce que je raconte ? Quelqu’un peut-il me dire pourquoi je stresse ? Il est vrai que j’aimerais revenir par le mythique transsibérien mais pas à n’importe quel prix. Si c’est pour me gâcher les prochaines semaines, non merci, je passe mon tour ! On traversera la frontière quand on sera rendu. Et si le stress engendrait le spleen. Et si je faisais confiance au lieu de m’imposer cette tension inutile. Et si dans le fond, la vie était plus simple que l’on veut se faire croire.

jeudi 5 juin 2008

Chine - Une histoire vaut bien mille mots

Yangshuo

Mon intérêt pour le voyage ne date pas d’hier. Quand j’étais tout petit, je me souviens très bien de tous ces soupers du dimanche où je voyageais par l’entremise du téléviseur. La défunte Course Destination Monde aura fait rêver bien du monde. J’enviais les participants, leur courage, leur intelligence et leur créativité. Je m’imaginais à leur place, construisais mon propre itinéraire de course, songeais aux sujets abordés… Bref, je m’y voyais déjà. Il me manquait malheureusement deux choses : quelques printemps de plus et le courage de mes ambitions.

J’ai donc longtemps rêvé de partir à la rencontre de l’autre, caméra à la main. Je me savais déjà amoureux de l’image. Celle fixée sur pellicule, celle peinte sur une toile, celle qui défile en une seconde avec ses 23 copines. Voilà pourquoi je suis parti en Asie avec une caméra dans mon sac. Je voulais réaliser ma propre course. L’union parfaite entre mes passions pour le voyage et pour l’image. Le projet initial était ambitieux : produire un film par semaine. Pour m’exercer, j’ai réalisé le petit clip d’introduction que vous avez sans doute déjà vu. Le résultat est loin d’être parfait, mais il annonçait la suite de belle manière.

Parlons-en de la suite. Mais que s’est-il passé ? J’ai vite compris l’immense travail accompli par les Troggi, Masbourian, Parenteau, Villeneuve. Trouver un sujet, l’observer, le filmer, réfléchir, écrire, monter… C’est une tâche gigantesque. Un travail enthousiasmant certes, mais ça reste quand même du boulot et je n’étais pas en Asie pour cela. J’avais besoin d’une liberté que la course à l’image ne pouvait m’offrir. Dès les premières semaines, l’Inde a offert à mes yeux bien plus que je n’aurais pu filmer. Très rapidement, j’ai su que le film ne serait pas le média idéal. Instinctivement, je me suis tourné vers l’écriture.

Je me suis aperçu que la plume est la meilleure des caméras. Les mots remplacent efficacement les images. L’écrivain voyageur n’est limité que par son imaginaire. J’aurais très bien pu passer ces dix derniers mois enfermé dans une boite en carton et inventer toutes ces aventures. Malheureusement, je n’ai pas cette imagination. Heureusement, l’Asie est une très grande boîte !

On dit qu’une image vaut mille mots. Oui, je veux bien mais combien d’images évoquent mille mots ? Je parie que c’est bien suffisant pour vous faire rêver, vous faire réfléchir, peut-être même vous émouvoir. Avec mille mots, je peux vous faire voir une multitude de paysages. Je peux vous faire voyager partout sur la planète. De la jungle amazonienne au désert du Sahara, de l’Antarctique aux îles Fidji, du fond de l’océan à la mer de la Tranquillité. Je peux vous raconter des histoires passées, vous décrire des faits du présent et même vous entretenir sur l’avenir (option dont ma vidéo caméra était dépourvue). Je peux vous faire voir l’invisible : les odeurs, les réflexions, les sentiments... Je peux vous faire entrer dans mon corps, dans ma tête et dans mon cœur.

Avant de partir, je ne me savais pas amoureux des mots. Pourtant, certains indices pouvaient me le laisser soupçonner. Je lisais certes quelques bouquins par année mais je ne prétends pas que c’était une grande passion. J’ai toujours aimé le livre. Ma bibliothèque peut en témoigner. Il suffit de voir celle de mon père pour comprendre où j’ai pris ça !

J’ai toujours associé le livre au savoir davantage qu’au divertissement. Ceux qui me connaissent bien le savent, j’adore apprendre, comprendre. Je suis un être d’une grande curiosité. Je suis amoureux ces petits symboles que sont les lettres. Elles véhiculent des idées, des concepts, des émotions. Réunies, elles peuvent donner des indications pour cuisiner une succulente tarte aux pommes ou pour fabriquer une bombe H, elles peuvent dire je t’aime, elles peuvent condamner à mort un prisonnier. Les mots ont un pouvoir certain. Elles protègent la connaissance et la sagesse de l'Homme. Sans elles, le savoir se perdrait dans les dédales de nos mémoires imparfaites. Sans elles, les dialogues de Platon, les tragédies de Shakespeare et les vers de Nelligan ne nous seraient pas parvenus. Sans elles, mon voyage n’aurait pas été le même. Vous n’auriez pas eu le plaisir de lire ceci… Je n’aurais même pas eu la satisfaction de l’écrire. Surtout, je n’aurais pas eu le bonheur de le lire avec nostalgie dans cinq, dix ou vingt ans. Car, au risque de vous décevoir chers lecteurs, ce n’est pas pour vous que j’écris mais pour moi.


J’avais pensé composer un texte de mille mots sur le sujet. L’idée s’avérait plus intéressante que mon propos alors j’ai préféré jouer de concision et ainsi faire une économie à la fois de mes mots ennuyeux et de votre temps précieux. Donc, les plus pressés d’entre vous (ou les plus paresseux) trouveront ici bas une image qui tente de résumer ces 792 derniers mots. (795…)

mardi 3 juin 2008

Chine - Apprendre à rêver

Guilin

Beaucoup me disent qu’ils aiment lire mes textes car cela les fait voyager. Tant mieux ! Si je vous permets ce petit plaisir, si mes mots vous permettent de vous évader quelques instants, si mes petites histoires vous détournent de votre quotidien pour un moment, je suis un homme comblé. Faire rêver est une fort noble entreprise ! Toutefois, j’ai de bien plus grandes ambitions. À ce que je sache, on peut conjuguer le verbe « rêver » à toutes les personnes. Nous avons tous des rêves. À travers ce blog, je vous présente l’un des miens. Vous en avez assurément aussi. Vous les connaissez sûrement déjà. Quoi ajouter de plus ? La suite n’appartient qu’à vous…

Si tu donnes un poisson à un homme, il se nourrira une fois. Si tu lui apprends à pêcher, il se nourrira toute sa vie.

Vieux proverbe chinois de Kouang-Tseu