jeudi 5 juin 2008

Chine - Une histoire vaut bien mille mots

Yangshuo

Mon intérêt pour le voyage ne date pas d’hier. Quand j’étais tout petit, je me souviens très bien de tous ces soupers du dimanche où je voyageais par l’entremise du téléviseur. La défunte Course Destination Monde aura fait rêver bien du monde. J’enviais les participants, leur courage, leur intelligence et leur créativité. Je m’imaginais à leur place, construisais mon propre itinéraire de course, songeais aux sujets abordés… Bref, je m’y voyais déjà. Il me manquait malheureusement deux choses : quelques printemps de plus et le courage de mes ambitions.

J’ai donc longtemps rêvé de partir à la rencontre de l’autre, caméra à la main. Je me savais déjà amoureux de l’image. Celle fixée sur pellicule, celle peinte sur une toile, celle qui défile en une seconde avec ses 23 copines. Voilà pourquoi je suis parti en Asie avec une caméra dans mon sac. Je voulais réaliser ma propre course. L’union parfaite entre mes passions pour le voyage et pour l’image. Le projet initial était ambitieux : produire un film par semaine. Pour m’exercer, j’ai réalisé le petit clip d’introduction que vous avez sans doute déjà vu. Le résultat est loin d’être parfait, mais il annonçait la suite de belle manière.

Parlons-en de la suite. Mais que s’est-il passé ? J’ai vite compris l’immense travail accompli par les Troggi, Masbourian, Parenteau, Villeneuve. Trouver un sujet, l’observer, le filmer, réfléchir, écrire, monter… C’est une tâche gigantesque. Un travail enthousiasmant certes, mais ça reste quand même du boulot et je n’étais pas en Asie pour cela. J’avais besoin d’une liberté que la course à l’image ne pouvait m’offrir. Dès les premières semaines, l’Inde a offert à mes yeux bien plus que je n’aurais pu filmer. Très rapidement, j’ai su que le film ne serait pas le média idéal. Instinctivement, je me suis tourné vers l’écriture.

Je me suis aperçu que la plume est la meilleure des caméras. Les mots remplacent efficacement les images. L’écrivain voyageur n’est limité que par son imaginaire. J’aurais très bien pu passer ces dix derniers mois enfermé dans une boite en carton et inventer toutes ces aventures. Malheureusement, je n’ai pas cette imagination. Heureusement, l’Asie est une très grande boîte !

On dit qu’une image vaut mille mots. Oui, je veux bien mais combien d’images évoquent mille mots ? Je parie que c’est bien suffisant pour vous faire rêver, vous faire réfléchir, peut-être même vous émouvoir. Avec mille mots, je peux vous faire voir une multitude de paysages. Je peux vous faire voyager partout sur la planète. De la jungle amazonienne au désert du Sahara, de l’Antarctique aux îles Fidji, du fond de l’océan à la mer de la Tranquillité. Je peux vous raconter des histoires passées, vous décrire des faits du présent et même vous entretenir sur l’avenir (option dont ma vidéo caméra était dépourvue). Je peux vous faire voir l’invisible : les odeurs, les réflexions, les sentiments... Je peux vous faire entrer dans mon corps, dans ma tête et dans mon cœur.

Avant de partir, je ne me savais pas amoureux des mots. Pourtant, certains indices pouvaient me le laisser soupçonner. Je lisais certes quelques bouquins par année mais je ne prétends pas que c’était une grande passion. J’ai toujours aimé le livre. Ma bibliothèque peut en témoigner. Il suffit de voir celle de mon père pour comprendre où j’ai pris ça !

J’ai toujours associé le livre au savoir davantage qu’au divertissement. Ceux qui me connaissent bien le savent, j’adore apprendre, comprendre. Je suis un être d’une grande curiosité. Je suis amoureux ces petits symboles que sont les lettres. Elles véhiculent des idées, des concepts, des émotions. Réunies, elles peuvent donner des indications pour cuisiner une succulente tarte aux pommes ou pour fabriquer une bombe H, elles peuvent dire je t’aime, elles peuvent condamner à mort un prisonnier. Les mots ont un pouvoir certain. Elles protègent la connaissance et la sagesse de l'Homme. Sans elles, le savoir se perdrait dans les dédales de nos mémoires imparfaites. Sans elles, les dialogues de Platon, les tragédies de Shakespeare et les vers de Nelligan ne nous seraient pas parvenus. Sans elles, mon voyage n’aurait pas été le même. Vous n’auriez pas eu le plaisir de lire ceci… Je n’aurais même pas eu la satisfaction de l’écrire. Surtout, je n’aurais pas eu le bonheur de le lire avec nostalgie dans cinq, dix ou vingt ans. Car, au risque de vous décevoir chers lecteurs, ce n’est pas pour vous que j’écris mais pour moi.


J’avais pensé composer un texte de mille mots sur le sujet. L’idée s’avérait plus intéressante que mon propos alors j’ai préféré jouer de concision et ainsi faire une économie à la fois de mes mots ennuyeux et de votre temps précieux. Donc, les plus pressés d’entre vous (ou les plus paresseux) trouveront ici bas une image qui tente de résumer ces 792 derniers mots. (795…)

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