mardi 24 juin 2008

Chine - Entre Mao et Confucius

À bord du Transsmongolien

En quittant Hong Kong pour la Chine, j’avais quelques appréhensions. D’une part, mes parents avaient louangé le pays, son dynamisme, sa richesse, le peuple et sa gentillesse. D’autre part, j’avais encore en tête la mauvaise réputation du pays à l’étranger. Xénophobes, nombrilistes, tortionnaires, offenseurs des droits de l’Homme, occupants du Tibet, manipulateurs de l’information, et j’en passe ! Qui a raison ? Qui a tort ? Quelle Chine correspond à la réalité ? Y’a qu’une façon de le savoir, c’est d’aller voir.

Il y a certes un fait sur la Chine qui fait l’unanimité. Le pays est en pleine transformation. C’est d’ailleurs ce qui frappe en premier le visiteur. La nation se développe à un rythme effréné. Les grues de construction se comptent par milliers, elles font partie du décor. On construit partout, des buildings, des routes, des ponts, des barrages, des tunnels… Même la campagne n’échappe plus au progrès salvateur. La Chine se développe, elle s’éduque, elle se modernise. Les Chinois également, beaucoup d’entre eux vivent maintenant comme vous et moi. La chemise Ralph Lauren, le cellulaire qui fait de la musique, les RayBan dans les cheveux, ils vivent, ils aiment, ils rêvent comme vous et moi. Il y a certes toujours quelques différences culturelles qui subsistent. Heureusement d’ailleurs !

Tout d’abord, les Chinois crachent partout, dans la rue, à travers la fenêtre de la voiture, dans le train (un beau gros crachat que l’on propulse à deux pouces de ma couchette et dont le géniteur, par souci de civilité, tente de faire disparaître en l’étendant avec sa chaussure). À cette discipline, ils rivalisent férocement avec les Indiens ou leurs voisins de l’Asie du sud-est.

Autre habitude curieuse, quand ils attendent, les Chinois adoptent la position du petit bonhomme. Sur le coin des rues ou sur les quais de la gare, ils sont tous accroupis. Plus tard, j’ai compris plus pourquoi ils tenaient tant à habituer leur corps à cette position qui se veut, pour la plupart d’entre nous, fort inconfortable. Les enfants adoptent rapidement la posture. Les touts jeunes se promènent sans fond de culotte. Dans les parcs, dans la rue, n’importe où, les gamins s’accroupissent pour assouvir leurs besoins naturels. Pour nous qui protégeons avec vigueur les petites fesses de nos poupons, il est un peu troublant de voir les fesses de ces enfants reposés sur les bancs de parcs crasseux, sur les sièges d’autobus sales ou sur les banquettes de train poussiéreuses.

Autre manie typiquement chinoise, quand il fait très chaud, les hommes roulent sans pudeur le bas de leur chandail et dévoile plus de peau autour de leur nombril qu’une adolescente de treize ans. On raconte que le comité organisateur des Jeux veut enrayer cette habitude comme bien d’autres d’ailleurs. À titre d’exemple, on avait dit que les chauffeurs de taxi parleraient anglais… Je crois qu’ils sont moins nombreux que les chauffeurs montréalais qui s’expriment en mandarin ! Il ne serait toutefois pas honnête de me part de me limiter à cette description caricaturale de nos amis Chinois. J’y ai rencontré un peuple souriant, honnête et serviable. Vous n’avez qu’à arborer un air perdu sur le coin d’une rue pour qu’un bon samamandorin vous offre son aide. Chose étonnante et fort révélatrice, à la fin des courses, les chauffeurs de taxi arrondissent la note à votre avantage !

Depuis plus d’une décennie, la planète entière observe attentivement l’empire du Milieu. Avec les Jeux qui approchent, l’intérêt est accru. C’est évident, le Parti n’est pas un exemple à suivre. Le gouvernement s’est révélé coupable d’actes excessifs, rétrogrades, répressifs, inacceptables. Pas étonnant que les réprimandes affluent de toutes parts. Nous avons la responsabilité de surveiller ce qui se passe mais préservons nous d’une diabolisation envers le peuple chinois.

Appliquez-vous à garder en toute chose le juste milieu
Confucius

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