jeudi 13 décembre 2007

Inde - L'Inde au pluriel

Delhi

En quittant un pays, la tentation est grande de donner ses impressions. Je veux bien me prêter à cet exercice, toutefois, je sais trop bien que trois mois sont largement insuffisants pour dresser un portrait juste. Après tout, j’en ai parcouru qu’une toute petite partie. Mon séjour m’a permis de constater une chose : l’Inde est multiple. C’est une terre de contraste. Peut-être ce n’est pas un hasard si les explorateurs de la Renaissance rêvaient d’accéder aux Indes. L’Inde est plurielle, elle est multiple. 22 langues reconnues, les cinq grandes religions représentées (auxquelles s’ajoute une multitude d’autres) ainsi qu’une panoplie de cultures et de traditions.

Le territoire est vaste, les paysages variés. J’ai vu des montagnes enneigées, des jungles luxuriantes et des contrées désertiques. Par le fait même, j’ai traversé des climats opposés. À Badrinath, même revêtu de tout mon linge le plus chaud (coton ouaté, manteau d’hiver, combine sous mes pantalons, tuque, botte d’hiver), j’ai gelé intensément. À l’inverse, le soleil brûlant dans le désert du Thar m’a laissé un joli teint. Compte tenu que la saison des moussons était bel et bien terminée, je n’ai pas rencontré beaucoup de pluie.

J’ai visité des mégalopoles surpeuplées et des villages reculés. J’ai vu des vaches à Delhi et des coupoles de télévision satellite en plein désert. Le rural et l’urbain se mêlent parfois bien étrangement. Il y a certains éléments qui ne se mélangent pas aussi facilement, les classes sociales par exemple. On sent toujours le poids immense du système de castes. Bien qu’en théorie, le système n’apparaît plus dans le code de lois depuis belle lurette, il en va bien autrement dans la tête des Indiens. L’ascension sociale ici semble être une rare exception.

L’argent aussi ne circule pas. Les riches en ont plus qu'ils ne pourraient en dépenser, les pauvres n’en n’ont tout simplement pas. Le fossé est gigantesque. Il est vrai qu’une classe moyenne prend forme, mais il n’en demeure pas moins que la vaste majorité vit dans une extrême pauvreté. En Inde, je me sens comme Donald Trump, sans la mise en plis. Mon budget de voyage étant étalé sur plusieurs mois, j’ai évité les hôtels, restaurants, et moyens de transport luxueux. Mais croyez-moi, en temps normal, nous tous avons les moyens de vivre en véritables maharajas. Cependant, le plaisir du voyage réside justement à travers les ballades en rickshaws, les trains de la 2e classe et les autobus publics. Il serait bien dommage de rater ce rendez-vous avec la population locale uniquement pour une raison de confort.

Car après tout, ce que je retiens le plus de mon séjour, ce n’est ni les paysages, ni les monuments, mais bien les Indiens. Plus particulièrement, leurs étranges comportements, leurs manières bizarres, leurs mentalités différentes. Je les ai observés. Je les ai vus agir. Je connais un peu mieux leur façon de vivre. Toutefois, je ne peux pas affirmer que je saisis leur univers. Il est tellement plus facile de juger que de comprendre. Je l’ai souvent dit et je le répète à nouveau : l’Inde est un autre monde, un monde surréaliste et insoupçonné. Un monde où l’ordre prend des allures de chaos. Un monde qui m’a fait réfléchir plus qu’il m’a touché. Un monde où la philosophie l’a emporté sur la spiritualité. Un monde que jamais je ne comprendrai et surtout, que jamais je n’oublierai.

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonne et Heureuse Année à toi aussi Olivier..je te souhaite la santé pour poursuivre ton rêve, de belles rencontres, de belles expériences à nous faire partager....merci de tout ces beaux articles..toujours super intéressants à lire...Beaucoup de bonheur...nous la neige ne manque cette année, en tout cas, pour le ski c,est formidable...

Anonyme a dit...

je te souhaite 365 jours de rencontres et de nouvelles découvertes!

J'ai également ressenti la même chose concernant les indiens!
Il est difficile de les mettre dans une case, de les comprendre et de se mettre à leur place.

Les indiens c'est un tout. Pour rendre un voyage riche en découverte : il faut aller à la rencontre des populations...surtout en Inde. Quand tu as vu un fort ou un city palace, tu les as tous vu...mais quand tu rencontres un indien il faut s'attendre à être encore surpris...moi je considère que je n'ai encore rien vu en Inde...je dois prolonger mon stage de vie là haut!!!!!!!

Anonyme a dit...

Vos récits sont vraiment captivants et nous plongent littéralement dans les villes et villages décrits! C'est très intéréssant de lire les réactions face au divers obstacles et celà me donne encore plus envie de visiter le monde, notamment l'Inde où d'après ce que j'ai pu entendu ne laisse personne indemne, remettant en cause de nombreux éléments de notre vie quotidienne.
J'attend avec impatience vos autres récits. Je trouve ce projet d'une simplicité et d'une intelligence remarquable!