lundi 11 février 2008

Miss Thaïlande, je t’aime mais tu es trop facile…

Chiang Khong

Ce n’est avec aucun regret que je quitte Miss Thaïlande. Ne vous trompez pas ! Une relation d’un mois et demi n’est pas viable sans y prendre plaisir. Elle a beaucoup à offrir, elle est très riche et ce, à plusieurs niveaux. Elle est d’abord prospère économiquement. Les infrastructures gouvernementales sont extrêmement bien développées : hôpitaux, écoles, routes. La Thaïlande n’est pas ce que j’avais imaginé. Les Thaïs sont en santé, éduqués et fortunés. Pas étonnant qu’ils soient fiers de leur pays et de son succès. Le royaume est tapissé du drapeau national. Même les américains font piètre figure à côté. La Thaïlande aurait-elle inspirée ces messieurs du scandale des commandites ?

Miss Thaïlande est riche. La prospérité du pays, les Thaïs semblent l’attribuer à leur roi bien aimé, Rama IX. Cet homme, que dis-je, ce dieu vivant à tous les talents : ce scientifique, cet homme de lettres, ce musicien, cet artiste, ce photographe, cet ingénieur… Le pays est couvert de son effigie. Il est tout simplement partout, dans toutes les demeures, devant tous les édifices publiques, aux coins des rues, partout… La sœur du roi est décédée depuis bientôt deux mois. Le peuple est en deuil. À travers tout le royaume, on retrouve en son honneur des sanctuaires improvisés flanqués de draps noirs et blancs. À la télévision, on passe en boucle une rétrospective de la vie de la dite dame. Toute cette mascarade n’est qu’un pâle exercice préparatoire, une répétition générale. Le roi prépare déjà sa propre sortie. Elle sera grandiose, vous pouvez compter sur lui… Surtout, n’en dites rien à personne, cette idée, véritable crime de lèse-majesté pourrait me coûter sept ans d’emprisonnement. Ici, on ne rigole pas avec la royauté.



Miss Thaïlande est belle, elle s’ouvre au monde, c’est magnifique dans un certain sens. Cependant, vous le savez tous, la Thaïlande se prostitue. Combien de falangs (étrangers) ai-je vu aux bras de jeunes et jolies Thaïes. Des couples aux allures tellement artificielles, ça sent l’exploitation à plein nez ! Cette odeur me rend mal à l’aise. Qu’est-ce qui me perturbe tant ? Après tout, je suis d’avis que le plus vieux métier du monde ne cessera jamais d’exister et qu’il devrait être reconnu et contrôlé. Ce qui pue ici, c’est que la prostitution semble rimer avec colonisation et exploitation. En vérité, ce n’est pas si simple. Le regard que je porte sur la situation est bel et bien celui d’un occidental. Il semblerait qu’en Thaïlande, la prostitution est vue bien autrement. Elle fait partie de la culture. Saviez-vous que 80% des clients sont d’origine thaïe ? Les falangs viennent tout simplement profiter un système déjà bien implanté. Peu importe l’origine, je sens un malaise.



Miss Thaïlande est ouverte sexuellement. Les ladyboys (1) sont légion. Y’en a-t-il vraiment plus que chez nous ? Difficile de dire car la tolérance fait probablement en sorte qu’il y en a beaucoup plus qui s’affichent. Les mœurs sexuelles peuvent elles aussi différer de chez nous. À Bangkok, l’homme qui va se faire masser en compagnie de sa femme se fera systématiquement proposé le fameux « happy finish ». Pour eux, il ne s’agit pas d’un acte sexuel mais d’un simple massage. Disons que les épouses occidentales voient la chose un peu différemment…

Miss Thaïlande, tu es trop facile. Après l’Inde, tu m’as apparu un peu terne, presque trop facile, trop propre, trop peu différente de la maison. Les innombrables Seven/Eleven procurent aux étrangers le beurre de peanut, les Kit-Kat, les Fruit Loops et autres denrées bien de chez nous. Il est facile d’y succomber. Je prie presque tous les soirs pour que le Laos ne vende pas de biscuits Oréo…

1: Un ladyboy, c'est le terme employé en Thaïlande pour décrire un travesti.

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