mardi 13 mai 2008

Népal - À la recherche du tigre du Bengale

Chitwan

Depuis que je suis tout petit, j’ai toujours rêvé de faire un safari. Se promener à travers la jungle et la brousse à bord d’une jeep, traquer les animaux sauvages, rapporter à la maison son trophée de chasse, la photo d’un éléphant, d’un rhinocéros ou d’un singe. Contrairement à ce que l’on peut croire, le continent africain ne détient pas le monopole du safari. La réserve de Chitwan au Népal est un très bel exemple. Situé au sud du pays, tout juste en bordure de l’Inde, cet immense parc possède une faune impressionnante. On peut y croiser éléphants, rhinocéros, singes, crocodiles, léopards, cobras, cerfs, ours ou encore les fameux tigres du Bengale. Pas question de quitter Chitwan sans avoir vu un de ces tigres !



Il existe plusieurs façons de se balader dans la réserve. D’abord, on vous propose la sympathique promenade à dos d’éléphant. Le départ se fait très tôt en matinée, la température est encore fraîche, les animaux ne se cachent pas encore du soleil. Ces derniers ne craignent pas la présence du pachyderme, les visiteurs peuvent ainsi, s’ils sont silencieux, s’approcher vraiment tout près. Personnellement, je n’ai pas été très chanceux. À deux reprises, j’ai visité le parc sur le dos d’un éléphant et je n’ai pas vu grand-chose sinon quelques rhinocéros se baignant dans une marre de boue. On dit qu’en safari, tout est une question de chance. Le hasard n’a pas voulu que je vois un tigre, pas de cette manière…



La seconde option : la jeep. Cette formule permet de parcourir de plus grande distance, de pénétrer profondément dans la réserve. Cette fois, l’activité se déroule en fin d’après-midi, quelque peu avant le coucher du soleil. La lumière est magnifique, la jungle l’est tout autant. Au menu : des cerfs, des cochons sauvages, des crocodiles, un ours et des rhinocéros. L’un d’eux a été surpris marchant dans l’herbe longue à environ trois mètres de la jeep (je ne sais pas qui a été le plus surpris entre nous et lui!). Toujours pas de tigre en vue. Il faudra user des grands moyens…



La dernière option, la marche. De loin la plus aventureuse des méthodes, la ballade à pieds permet un contact incomparable avec la nature. Silencieusement, on peut approcher les animaux, suivre leurs traces, les observer à leur insu,(ou plutôt être observé à notre insu...) Le Lonely Planet fait état de plusieurs incidents lors de pareille excursion. Les dangers sont nombreux, on doit obligatoirement être accompagné de guides locaux. Severine ayant décidé de ne pas tenter sa « chance », je serai seul avec deux guides. Bâtons à la main, le premier ouvre la marche alors que le second à l’arrière donne un faux sentiment de sécurité.

Avant de partir, Raj, le plus expérimenté de mes accompagnateurs, me donnent quelques indications en cas de rencontre dangereuse. Le comportement a adopté dépend de l’animal rencontré. Un ours croise notre chemin, nous devons nous regrouper et faire du bruit avec nos bâtons afin de l’effrayer. La plupart du temps, ça fonctionne. Dans l’éventualité d’une charge de rhinocéros, la consigne est de se réfugier derrière ou dans un arbre de bonne proportion. Si les arbres manquent, il faut courir en zigzaguant. L’animal en question à peine à changer rapidement de direction. C’est noté ! Finalement, si la chance nous sourit, nous pourrons voir le roi de la jungle : le tigre du Bengale. En sa présence, la fuite est bien la dernière chose à faire. Le prédateur adore chasser et il a la réputation d’attaquer par l’arrière. Il faut lui faire face, conserver le contact visuel et reculer doucement afin de lui démontrer que l’on ne cherche pas à le confronter. Si toutefois nous dérangeons une mère avec son petit ou si la bête est particulièrement de mauvaises humeurs, il ne nous reste que bien peu de recours. Mon guide avait ses paroles rassurantes à ce sujet : « Priez, il ne reste que ça ! ».

Nous marchons depuis très tôt ce matin. Nous n’avons aperçu au loin que quelques cerfs et rhinocéros. Au sol, des empreintes fraîches, sur les troncs d’arbres, des coups de griffes, les ours et les tigres ont laissé des traces de leur dernier passage. Malheureusement, toujours rien de vivant ! Il est déjà environ 16 heures. Nous retournons tranquillement au village lorsque mon guide tombe sur une nouvelle piste. Pas de doute, un tigre est passé par là, très récemment. Il a quitté la jungle pour s’enfoncer dans les herbes hautes. Mon guide me demande si je peux suivre les traces. Je lui réponds : « C’est exactement pour ça que je suis ici ». Nous nous frayons difficilement un chemin à travers la dense végétation. Quelques mètres plus loin, Raj se retourne vers moi et me chuchote : « I smell Tiger ! ». Est-ce une mise en scène employée par tous les guides désireux de faire vivre des émotions à leurs clients ? Je ne saurais dire. Chose certaine, une odeur particulière flotte. Et si c’était vraiment celle d’un tigre…



La peur m’envahit. À cet instant, j’ai le sentiment de devenir une proie. Soudainement, je ne trône plus au sommet de la pyramide. Ça n’arrive pas souvent dans la vie d’un être humain. L’herbe est si haute que je vois à peine un mètre devant moi. S’il fallait tomber sur l’animal… Tout à coup, un bruit. À ma droite, à quelques pas de moi, l’herbe bouge furieusement. Mon cœur s’arrête. À la vitesse de l’éclair, je vois un animal bondir en air. La bête s’envole en hurlant, ce n’est qu’un paon. Ouf, quel soulagement ! Finalement, je n’aurai pas vu de tigre ce jour-là. Pourtant, je n’oublierai jamais cette expérience unique. Après tout, il n’y a pas que les yeux qui nous font vivre des émotions.



PS: le seul tigre rencontré à Chitwan a été élevé en captivité. Il n'en ai pas moins impressionnant.

1 commentaire:

elenutxi a dit...

j'ai cru pour un instant que tu allait rencontrer le Tigre... Domage....