mercredi 27 février 2008

Laos - Why are you travelling ?

Muang Ngoi

Inde du nord, Londres, Thaïlande, Laos, Cambodge, cinq destinations, cinq Lonely Planet. Depuis mon départ, ce guide de voyage m’accompagne dans mes découvertes. Historique du pays, descriptions des us et coutumes, cartes détaillées, infos pratiques, c’est un outil drôlement bien fait. Pas étonnant qu’il soit si populaire à travers les voyageurs du monde entier. On peut presque parler d’un monopole planétaire. Les traductions sont innombrables : anglais, français, allemand, espagnol, italien, hébreux, chinois… Beaucoup de voyageurs l’utilisent. Évidemment, ce phénomène a d’énormes répercussions sur le terrain. Les Guest Houses recommandées augmentent leur prix et affichent tout de même complet. Ceci est un moindre mal car nombreux sont les établissements de qualité équivalente qui ne s’y retrouve pas. Le plus grand désagrément, c’est que tous les voyageurs font sensiblement le même trajet. Le village décrit comme étant calme et paisible ne le sera pas longtemps. Heureusement, l’éloignement de certains lieux les préserve d’un trop grand achalandage. C’est le cas de Muang Ngoi, au nord du Laos. Petit bled sur la rivière Nam Ou où nulle route ne se rend. Mon Lonely décrivait l’endroit de village idyllique où les voyageurs venus pour deux ou trois jours finissent par s’y attarder plus longtemps…



Départ de Nong Khiaw à 14h, le bateau est plein à craquer (littéralement!). Une bonne vingtaine de touristes, jeunes backpackers comme moi entassés en deux rangées, une face à l’autre. Au niveau confort, on repassera ! Mais cette proximité est propice aux rencontres. En quelques instants, je fais connaissance avec plusieurs d’entre eux. Les inévitables et pratiques questions : « Where are you from? », « Where have you been?”, “For how long are you travelling for?”… Aurélia de France, Marcus, Armin et Irene d’Italie, Marion, Linda et Kathrin d’Allemagne…



C’est ainsi que j’ai fait connaissance avec Tom, un Australien de Brisbane. Celui-ci se démarquait déjà des autres de par sa quatrième question : « Why are you travelling? ». Wow ! Quelle belle question. Ça peut paraître simple, mais la réponse à cette question vous en dira beaucoup plus long sur le voyageur qui a devant vous que les trois autres questions réunies. Avant même de répondre à la hâte une connerie du genre : « Pour satisfaire ma curiosité », je l’aimais déjà ce type. La discussion qui s’en suivit fut particulièrement intéressante. Elle fut toutefois écourtée par notre arrivée à Muang Ngoi.

Les voyageurs se séparent, espérant trouver la perle : un bungalow avec un hamac confortable et une vue sur la rivière. Aurélia et moi partons de notre côté, elle m’a demandé si je voulais partager l’hébergement. Je spécifie que c’est elle qui a fait la requête car pour des raisons évidentes, il est très mal vu pour un gars de demander à une fille qu’il connaît à peine de partager son lit… Bref, j’ai accepté son offre afin d’économiser quelques milliers de kips (des économies réelles de 1,50$ la nuit…). Après quelques minutes de recherches, nous avons trouvé notre perle. Devinez qui est notre voisin de hamac ? Mr Tom en personne. Une fois installé, je pars à la rencontre du village et de sa rue principale. La rivière, les montagnes, les villageois, tous me souhaitent la bienvenue. Enchanté, je reviens contempler le coucher du soleil, bien assis dans mon hamac. Le séjour commence à merveille !



Je profite de l’occasion pour réfléchir et ainsi répondre plus adéquatement à la question de Tom: « Pourquoi je voyage ? ». Cette réflexion, je la fais d’abord pour moi. On s’arrête trop peu souvent aux vrais motifs de nos actions. Voyager pour moi, c’est la liberté ! Loin de toutes obligations, de tous engagements, de toutes ces contraintes que nos sociétés nous imposent, je me sens libre, je me sens vivant. Je choisis. Je contrôle. Je réalise le rêve de tout prisonnier, je m’évade. Certains diront que je fuis la réalité. Mais qu’est-ce que la réalité ? Et si ce n’était pas ce qui nous arrive mais ce qu’on réalise. Je ne fuis pas la vie, je préfère la créer.



Il est facile d’occuper ses journées à Muang Ngoi. Dès le levé, je m’exerce un peu au bâton de feu. Ensuite, on rejoint les nouveaux amis chez Mr Khan pour une baguette fraîche et un ovaltine tout chaud. Nous avons tout adopté ce resto car même si il faut s’armer de patience, la bouffe est toujours excellente. De toute manière, personne n’a de montre ici, on en profite pour planifier le reste de la journée. Les options sont nombreuses. Faire de longues promenades dans les rizières creusées au fond des vallées. Partir à la rencontre des troupeaux de buffles. Visiter les nombreux villages des alentours et leurs habitants toujours souriants et accueillants. Explorer les profondeurs des grottes armés d’une seule lampe frontale et s’apercevoir que la qualité des trois batteries AAA que l’on vient tout juste de se procurer à cet effet est plutôt douteuse. Tenter sa chance lors d’une partie de pêche traditionnelle.



Toutefois, je vous avouerai que c’est le soir qui constituait mon moment favori. D’abord, le bain de vapeur quotidien et le massage (en option). En plus d’être peu chers et relaxants, ces petits luxes constituaient la seule porte d’entrée à des douches chaudes au village, avantage incontestable quand on connaît la froideur des soirées nord-laotienne. Bien réchauffé, je rejoins à nouveau les amis chez Mr Khan pour le souper. Assis tous autour d’une immense table, on discute, on échange, on rit, on finit par manger notre ration de riz collant, on boit de la Beerlao (excellente en passant!) et du LaoLao (cette fois, je passe mon tour sur ce puissant alcool de riz). Bien réchauffés, nous partons pour une plage reculée ou nous attends notre joli feu de camp. La, c’est l’apothéose. Les nuages qui descendent dans vallée donnent aux montagnes des formes étranges (à titre, d’exemple : un gorille qui s’en va en Russie…). On entend des centaines de vendeuses ambulantes gratter leur grenouille de bois. Les pieds dans le sable, la tête dans les étoiles, on communie, on partage le rêve. Immobiles, on voyage ensemble l’espace d’un moment.



Je planifiais rester deux ou trois jours à Muang Ngoi, j’y suis demeuré une semaine. Il faut dire qu’après cinq jours, j’allais quitter l’endroit lorsque j’ai fait la rencontre de Betsy, la superbe américaine. Elle n’a pas eu à me tordre le bras pour me convaincre de rester avec elle. Nous avons donc passé deux jours inoubliables dans ce petit paradis de routards, puis un à Nong Khiaw et un autre à Luang Prabang. Elle repartait pour New York, je devais poursuivre ma route…

Muang Ngoi est presque parfait en lui-même. Toutefois, ce sont les rencontres que j’y faites qui le rendent exceptionnel. Aurélia, Tom, Marcus, Arno, Irene, Katrin, Marion, Linda, Greg, Marie, Oliver, Alex et bien sur Betsy… Voilà autant de raisons pourquoi je voyage. Alors, la prochaine fois qu’un routard me posera la fameuse question : « Why are you travelling? ». Je répondrai : « Pour te rencontrer »

1 commentaire:

http://asiedusudest2008.uniterre.com a dit...

tres bonne question?
Pourquoi voyager?
j'aurais répondu : pour vivre et profiter pleinement de cette vie qui m'est offerte!

Mais ta réponse pour te rencontrer est aussi bien!!!!
je vais peut etre faire un tour du coté de muang machin chouette!!!!