jeudi 27 mars 2008

Thailande - Les gens heureux ne consomment pas !

Bangkok

J’ai vu l’Inde, j’ai vu le Laos et le Cambodge, j’ai vu la misère. J’ai vu des hommes et des femmes rayonnant de bonheur malgré leur condition de grande simplicité. J’ai vu, mais je n’ai apparemment pas compris ce qui rendait l’homme heureux. On dit que l’argent ne fait pas le bonheur. Nous savons tous que ce n’est pas totalement exact. Il faut parfois des sous pour réaliser certains rêves. Pourtant, comment se fait-il alors que le monde est rempli de malheureux fortunés et de joyeux pauvres?

Nous recherchons tous le bonheur. À la maison, on s’arrête trop peu souvent aux façons d’y parvenir. En voyage, la simplicité involontaire à laquelle je suis confronté m’inspire un temps de réflexion. Je ne suis pas seul à méditer sur les voies de la félicité. Il s’agit là d’une préoccupation de bon nombre de routards rencontrés sur la route. Ils disent souvent vouloir changer leur train de vie dès leur retour à la maison. C’est tout à fait honorable. En effet, le globe-trotter ne peut regagner son quotidien sans effectuer quelques changements. Tel des médecins du bonheur nous nous prescrivons de nouvelles habitudes de vie. Voici ma prescription : moins de consommation, plus de simplicité, moins d’artificiel, plus d’authenticité, moins de télé, plus de temps, moins de biscuits, plus d’exercices, moins de faux, plus de vrai, moins de haine, plus d’amour.

Tout ça, c’est bien joli mais ce nouveau régime durera combien de temps ? Quelques saisons, quelques mois, quelques semaines, quelques jours… La machine ne tardera pas à nous avaler de nouveau. Les millions de messages publicitaires, le prestige des marques de commerce, la nouvelle tondeuse du voisin, ça nous rattrapera tous un jour.

Nos intentions sont pourtant bonnes. Nous cherchons à nous débarrasser de ces vieux réflexes plutôt malsains. Malgré nos efforts, les plis sont déjà fort imprégnés. Même au plus profond du Laos, la machine est venue me tenter avec un nouveau besoin. Cette fois, le serpent du Mont des Oliviers a pris une forme plutôt inattendue : un appareil photo. Je vous explique. Vous connaissez maintenant Greg et Marie avec qui je voyage depuis quelques temps. Imaginez-vous donc que ce couple angélique possède une caméra numérique reflex qui leur permet de prendre des photos incroyables, rendant instantanément mes propres clichés totalement inintéressants. À leur contact un nouveau besoin est apparu, une nouvelle tentation me ronge. Vérification faite, ils ne sont pourtant pas des agents de Lucifer.

Comment, après six mois de voyage, un besoin peut-il faire son apparition et prétendre être essentiel ? Mon voyage est-il si désagréable ? Mes photos sont-elles à ce point terribles ? La réponse est évidemment non. Alors pourquoi ? Pourquoi ai-je cette irrésistible envie d’avoir une caméra reflex ? L’appareil me rendrait t-il plus heureux ? Permettez moi d’en douter…

Nous sommes le 27 mars, je passe la journée à Bangkok en attendant mon vol de demain pour Katmandou. Au petit déjeuner, j’annonce à mes compagnons de voyage que cette journée pourrait être officiellement reconnue comme la journée internationale sans achat. Ce jour allait devenir une date symbolique, un tournant historique, le début d’une révolution. Consommateurs de tous les pays, unissez-vous ! Il est 11h30, je suis au plus grand magasin d’électronique de Bangkok. Une heure plus tard, je prends un taxi en direction de ma Guest House, un paquet sous le bras… La machine m’a bouffé tout rond. Comme tout bon pécheur, je suis jongle entre excitation et culpabilité. Je prends connaissance avec ce nouveau joujou, cet engin diabolique. Irai-je en enfer ? Combien de temps au purgatoire me vaudra cette faiblesse ? Je devrais peut-être demander à mon chauffeur de taxi de m’amener vers le plus grand magasin d’indulgences de Bangkok. C’est la cité des anges après tout !

Ma nouvelle caméra me rendra t-elle plus heureux ? J’en doute toujours… Un objet a-t-il vraiment ce puissant pouvoir sur nous autres, êtres humains ? Pour le savoir, je devrai attendre quelques jours, le Népal me le dira bien assez vite. La suite, très bientôt…

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Ici Lucie et Fer...
Olivier, tu oublies de dire que si nos photos sont incroyables, c'est bien sur parce que nous avons un bon reflex, mais avant tout parce que nous sommes d'excellents photographes!!! :-)))

Marie et Greg

Olivier a dit...

Vous avez tout à fait raison, il faut un œil averti derrière l’objectif. Je soupçonne que vous avez échangé votre âme contre ce talent que vous avez incontestablement.

Anonyme a dit...

olivier, si tes projets en rentrant ne marchent pas (ce que je te souhaite ardemment) tu devrais penser serieusement au metier de journalisme ou d'ecrivain, tu as vraiment du talent! mais permets moi de douter d'une chose.. moins de biscuits..pouahhh, tu seras jamais capable!! ton ex partner de voyage, karinexx