vendredi 25 juillet 2008

Russie - La beauté réside dans l'inattendu

À bord du transsibérien

Depuis le tout début du projet, il y a de cela un an et demi, je rêvais de traverser la Russie à bord du transsibérien. Je ne pouvais imaginer un meilleur moyen pour revenir vers la maison. Assis au bord de la fenêtre, je me voyais contempler les paysages qui défilent. Ces quelques jours à bord du train, je les percevais comme une pause, un moment de réflexion avant le grand retour, une occasion de méditer sur l’incroyable année qui s’achève. Comme toutes les autres destinations de mon voyage, je m’étais fait des idées. Comme toutes les autres destinations, je m’étais trompé. Il n’y a pas de doute, les imprévus font la beauté du voyage.



Toujours accompagné de Greg et Marie, mes fidèles compagnons de voyage depuis Beijing, j’entre dans la cabine. C’est dans ce tout petit espace que nous serons enfermés pendant quatre jours et demi. Nous faisons connaissance avec nos voisins de la cabine d’à côté : Anouck, Amélie et Bertrand. C’est avec eux que nous jouerons aux cartes le jour et que nous ferons la fête la nuit ! Nous rencontrons également notre aimable provonitsa, la dame en charge de notre wagon. Nous nous lançons immédiatement dans une opération séduction. Sans vraiment obtenir de succès, nous enchainons les « spaciba » et les sourires. On nous a dit que le voyage est beaucoup plus agréable quand la provonitsa vous a dans ses bonnes grâces…



Quelque peu excités, nous quittons la gare d’Oulanbataar, l’aventure du transsib démarre. Il est environ 14h. Il fait chaud dehors, très chaud. Chanceux comme nous sommes, notre wagon est le seul dont l’air climatisé ne fonctionne pas. Pour ajouter au confort, il n’y a que trois fenêtres qui s’ouvrent dans tout le wagon. Il fait chaud dans le train, trop chaud ! Une bonne partie de la journée s’est donc passée tout près d’une de ces ouvertures, sous une petite brise fraîche. En quête du même réconfort, Anouck est venu me rejoindre et nous avons longuement discuté. Regardant les paysages défiler, nous avons parlé de tout et de rien, surtout de tout. Le voyage, l’amour, la mort… Rares sont les échanges aussi intenses, une autre très belle rencontre.

En fin de soirée, nous devons regagner nos cabines, nous nous apprêtons à traverser les frontières russes. Nous ne sommes plus uniquement trois dans nos appartements. Une dame mongole d’une quarantaine d’années vient tout juste de monter à bord. Elle traîne avec elle trois immenses sacs de sport. Madame est une athlète ? Non, madame est une contrebandière ! Elle ouvre ses sacs et sort sa marchandise. Des culottes, des sandales de caoutchouc, du thé, des tissus, des serviettes… La quantité est impressionnante. Ce qui est encore plus étonnant, c’est la façon dont elle fait tout disparaître. Elle pose des sandales sur le sol, elle accroche des serviettes derrière nous, nous serons complices sans même le vouloir. Sous notre œil amusé, elle en cache dans la poubelle et dans son soutien-gorge. Elle dissimule même des bobettes sous ses pantalons en les fixant à ses jambes avec du ruban adhésif. Une fois le travail terminé, les trois sacs sont vides et tous les articles ont été dispersés. Tout cela sous les yeux de la provonitsa, seconde complice dans ce crime. Par magie, il ne reste plus rien à déclarer à monsieur le douanier. Ce dernier, sous sa casquette de deux pieds de diamètre, n’y a d’ailleurs vu que du feu ! Soit qu’il est très naïf ou soit qu’il est le troisième complice… Il a fouillé nos sacs sans trop de conviction. Le train est reparti plusieurs heures plus tard, la dame et sa marchandise également. Chanceux comme nous sommes, elle a oublié un paquet de thé. Malheureusement pour nous, c’était du thé mongol (le thé chinois de mauvaise qualité aboutit en Mongolie…).



Pendant ces quatre jours et demi, nous avons traversé la Russie dans presque toute sa longueur. Près de sept mille kilomètres parcourus à travers des forêts infinies de bouleaux et de mélèzes. La Russie a de quoi se chauffer pendant encore plusieurs milliers d’années. Sur notre parcours, on croise des lieux aux noms mythiques : le lac Baïkal, Irkoutsk, Novossibirsk, Omsk, Perm… Les arrêts sont courts, une vingtaine de minutes en moyenne. Juste assez de temps pour aller marcher un peu sur les quais, prendre un peu d’air frais. A Balezino, nous avons profité de l’occasion pour entonner la Marseillaise et le O Canada. Notre public, composé majoritairement de russes complètement saouls, n’a pas vraiment apprécié notre interprétation de l’hymne national russe. Il était temps que le train quitte la gare…



Au bout de mille et une aventures, nous arrivons à destination : Moscou. La capitale n’est pas seulement au bout du transsibérien, elle représente également la fin de mon périple, le dernier arrêt avant mon retour. Suis-je prêt à revenir ? Je ne le sais pas encore. J’en doute parfois. Heureusement, j’ai de très bonnes raisons de revenir : ma famille, mes amis et… une perle retrouvée. Non, non, ce n’est pas une histoire de pêche !!! Un miracle s’est bel et bien produit, la perle a refait surface. Et si cette fois, c’était la bonne ? Il n’y a pas de doute, les surprises font la beauté de la vie.

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