jeudi 31 juillet 2008

Mon Ithaque à moi

Montréal

Mercredi le 30 juillet, le vol en provenance de Zurich survole le Québec. Par le hublot, j’entrevois le fleuve, je repère les collines montérégiennes, je distingue Varennes, je contemple Montréal, son stade, son centre-ville, son Mont-Royal… Comme c’est beau ! L’appareil atterrit sur la piste de l’aéroport Pierre-Elliott Trudeau. Qu’il est bon de rentrer à la maison. Mon ami Jean-François est venu me chercher. Il commence à être habitué à mes retours de voyage. C’est pratique avoir un ami qui finit de travailler tôt ! En réalité, c’est surtout commode d’avoir un ami qui a le cœur gros comme un Airbus 380. On prend la direction de Saint-Lambert à bord de son nouveau bolide. Par chance y’a du trafic, on a tant de choses à se raconter. On prend une longue marche avec Toby. On parle, on parle, on n’arrête pas de parler. Il y a vraiment des petits plaisirs de la vie qui m’avaient manqué. Pour le souper, on avait rendez-vous au St-Hubert avec Sébastien, un autre ami au grand cœur (décidemment, je suis bien entouré). Hummm, je salivais déjà à l’idée d’une succulente tarte aux sucres…

J’étais loin de m’en douter, mais j’étais tombé dans un guet-apens. Il y avait bien plus qu’un dessert sucré qui m’attendait au restaurant. Les pancartes de bienvenue, les fleurs, et surtout, surtout la famille et les amis, presque tout mon monde était réuni pour célébrer mon retour. C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai reçu cette belle surprise. Avec mes deux amours sur les genoux et le sourire accroché sous le nez, je regarde autour de moi. Les gens que j’aime qui discutent, qui rient, qui par leur simple présence me disent un très beau : je t’aime. Qu’il est bon de rentrer à la maison !

Afin d’animer le repas, ma sœur avait préparé un petit jeu. Elle a distribué aux invités un quiz dont les questions portaient sur mes nombreuses aventures. « Olivier joue à quel jeu avec les enfants à Rishikesh ? », « Qu’est-ce qu’Olivier achète à l’encan de l’orphelinat ? », « Dans quel pays Olivier a réalisé une mission bien spéciale ? »… À l’écoute de ces questions, une drôle de sensation m’a envahi. J’avais cette impression étrange que toutes ces anecdotes étaient tirées d’un bouquin que nous avions tous lu, moi compris. J’ai alors réalisé ce qui peut sembler évident : ces aventures ne sont pas œuvres de fiction, le personnage dont il est question n’est nul autre que moi. Et bien, qu’est-ce que j’en ai vécu des choses cette année ! Avec un peu de recul, je comprends mieux ce qui m’est arrivé lors des derniers mois. Cette suite d’aventures abracadabrantes qui n’a rien à envier à nos songes les plus fous, tout ça s’est réellement produit, tout ça fait dorénavant parti de moi.

Il est encore un peu trop tôt pour savoir ce qui en restera. J’ai des souvenirs pleins la tête certes, mais ai-je appris quelque chose. Suis-je le même qu’avant ? Il y a des trucs qui ont changé, c’est certain. Je suis davantage conscient du luxe et du confort qui nous entoure. De l’eau chaude dans la douche, de l’eau froide et potable dans le robinet, un siège de toilette pour poser ses fesses, de l’électricité à toute heure du jour, le bon état de nos routes (croyez-moi!), l’abondance de produits dans nos supermarchés, liste est longue… Tout ça, ça ne fait pas de moi une personne différente. J’aimerais pouvoir dire que je rapporte un regard neuf sur moi-même, sur les autres, sur le temps et sur la vie. Toutes ces réalités qui prennent un nouveau visage quand on voyage. Notre rapport à nous même change. Quand on part loin de chez soi, on laisse derrière ce que les autres veulent que l’on soit. On n’apporte pas avec soi les étiquettes que l’on nous a collées ou le moule dans lequel on nous a poussé. On enfin libre de devenir celui que l’on veut être, on devient véritablement soi-même. Le rapport aux autres n’est également plus le même. Comme on les croise pour la première fois, on ignore tout des gens que l’on rencontre. Ainsi, on s’attarde tout simplement à cette caractéristique qui nous unit tous : notre humanité. Voila pourquoi les rencontres en voyage nous semblent tellement plus authentiques.

Je l’ai déjà mentionné, le voyageur est libre de toute contrainte, de toute obligation, il se sent libre, il se sent vivant. Comment puis-je rapporter chez moi cet état de grâce ? Est-ce possible ici aussi ? Je me sentais libre car j’avais le choix. Le choix d’aller au nord ou bien au sud, le choix de rester ou de partir. Quand j’y pense, ce voyage est en fait la preuve que je suis libre de faire ce que je veux, de réaliser mes rêves les plus fous. Dans le fond, il est plus facile de l’oublier mais je suis aussi libre ici qu’ailleurs. Si je suis revenu à la maison c’est parce que je le veux bien. Si je ne repars pas demain pour d’autres destinations exotiques, c’est totalement par choix. Je sais trop bien qu’il y a un moment pour rester, y’a un moment pour partir, et qu’après tout, il est toujours temps de rêver…

Faute d’approvisionnement chez nos amis de St-Hubert, je n’ai finalement pas pu savourer ma tarte aux sucres. Mais comme vous vous en doutez, je n’étais pas revenu à la maison pour ça. Tel Ulysse, je suis parti et malgré les épreuves et les tentations, j’ai su revenir. Je suis rentré par amour de ma patrie. Mon Ithaque à moi c’est Montréal, mais c’est d’abord ma famille et mes amis. Je sais trop bien qu’un jour, je repartirai. J’y rêve déjà ! Et s’il y a une chose que cette merveilleuse odyssée m’a apprise, c’est que l’on n’a pas besoin de dormir pour rêver…


Le résumé d'un grand voyage en six petites minutes:

http://www.youtube.com/watch?v=GJ_--oi5xr4


Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage
Heureux qui comme Ulysse a vu cent paysages
Et puis a retrouvé, après maintes traversées
Le pays des vertes années

Par un petit matin d’été, quand le soleil vous chante au cœur
Quelle est belle la liberté, la liberté
Brassens

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Salut Olivier,
Merci pour ce texte comme pour tous les autres. Grâce à des mots et à des images, tu as su me faire voyager et par le fait même découvrir notre merveilleux monde.
En regardant ton dernier vidéo, j'ai vu des gens, des paysages, des monuments, mais avant tout un voyageur souriant et heureux. Que tous ces petits bonheurs demeurent en toi comme des petits trésors que l'on conserve précieusement.
Valérie

Anonyme a dit...

Salut Olivier,
Que cà conlcue bien ton voyage, ce petit vidéo est bien représentatif de ce beau voyage qu tu as fait et que nous avons suivis avec bonheur...merci pour ce dernier texte, je les ai tous conservés et je voyage à travers eux...je te souhaite encore plein de beaux voyages, si tu le désires, c,est merveilleux le voyage, j,arrive de Barcelone, c,est une très belle ville, je ne sais pas si tu la connais, mais l,architexture de Gaudi est fascinante...j,espère te voir un moment à Bonsecours....Ciao, Monique