mercredi 17 octobre 2007

Inde - Au revoir Rishikesh !!!

Rishikesh

Mercredi soir dernier, en débarquant de l’autobus, je n’avais qu’une seule envie, aller à la rencontre de Karine, Annick et Chantal, les trois Montréalaises qui font à peu près le même voyage que le mien. Malgré la fatigue, je suis allé à leur hôtel pour les avertir de mon arrivée. Je peux vous dire que ça fait du bien de parler avec des personnes ayant les mêmes références culturelles. Après trois semaines d’anglais (l’habitude était telle que Laurent et moi se surprenions d’utiliser la langue de Shakespeare), ça fait du bien de parler en français. Je peux enfin cesser d’employer cet accent français international qui me permettait de mieux me faire comprendre auprès de mes interlocuteurs, mais qui me donne cette étrange impression d’escamoter une partie de mon identité.



La semaine passée avec les filles à Rishikesh a été fort agréable. Nous avons fait la rencontre de Hari, un Indien de mon âge qui agit comme personne-contact et guide, ici, chez lui à Rishikesh. Sous les bons soins de Hari, nous avons fait des activités diverses. Tout d’abord, nous sommes allés camper sur le bord du Gange. Dans un décor enchanteur, nous avons joué une partie de volleyball de plage et dévoré des ailes de poulet auprès du traditionnel feu de camp.



Surexcité à l’idée de manger de la viande (Rishikesh est une ville sacrée, donc totalement végétarienne), j’ai avalé un morceau de travers. Celui-ci s’est diaboliquement coincé dans mon œsophage. Cette satanée bouchée ne bloquait pas ma respiration mais pire encore, il empêchait l’absorption de nouvelles parties de ce délicieux poulet. Retiré à l’écart avec Ralph (un allemand sensible ma torture), j’ai entrepris toutes sortes de tentatives afin de libérer la voie. Le spectacle était loin d’être joli… Malgré tout, j’ai apprécié la présence rassurante de Ralph à mes côtés. Du moins, jusqu’à ce que sa compassion se transforme en brutales claques dans le dos. Le supplice a duré une bonne demi-heure, suffisamment longtemps pour voir toute la viande disparaitre dans les œsophages libres de mes compagnons de camping.



Une fois le morceau passé, j’ai finalement pu profiter du reste de la soirée. J’y ai fait plusieurs rencontres intéressantes, notamment celles de nombreux québécois envoyés en Inde par les bons soins de Robert. D’abord Maryse, finissante du collège Saint-Paul un an avant moi et qui connaît mon ex Bianca. Ensuite, Gordon, un sympathique enseignant qui entreprend un fantastique tour du monde. Sous la Voie Lactée et les étoiles filantes, lui et moi avons longuement discuté de nos projets respectifs. Je ne suis pas seul à rêver…

Le lendemain matin, après une séance de yoga, j’accepte la folle invitation de Ralph et je saute dans les eaux froides du Gange. Pour lui, c’est clairement un exercice spirituel, pour moi, l’expérience est forte, mais à un autre niveau. Se baigner dans ce fleuve sacré revêt un cachet fort particulier. On ne peut rester totalement indifférent face au passé millénaire du Gange. Pour les hindous, le fleuve est une déesse descendue des cieux pour sauver les hommes. La puissance de Ganga est telle que sa chute aurait causé la destruction de la terre si Shiva n’avait amorti le choc par sa longue chevelure. C’est donc avec un immense respect que nous sommes embarqués sur le raft qui devait nous ramener à Rishikesh. Bel endroit pour mon baptême de rafting… Les vagues immenses et les tourbillons nous ont donné quelques frayeurs mais la déesse a eu la gentillesse d’épargner nos vies.



Quelques jours plus tard, Hari nous invite au cinéma. C’est avec beaucoup d’excitation que j’envisage mon premier film de Bollywood (contraction de Hollywood et de Bombay, lieu de tournage de la plupart des films indiens). Nous allons voir Bhool Balayai, une histoire de maison hantée et de fantômes. L’ambiance dans la salle de projection est totalement survoltée. Les cellulaires raisonnent, les spectateurs parlent entre eux, ils réagissent bruyamment à la moindre blague, à la moindre montée dramatique. Lors des scènes de suspense, ils hurlent dans l’espoir d’effrayer le reste de l’auditoire. Au début du film, les premières apparitions des célébrités déclenchent cris, sifflements et applaudissements. Je n’ai jamais assisté à pareille réaction pour Rémi Girard. Au bout d’une heure et demie, nous avons droit à une intermission afin de nous ravitailler en popcorn et nourritures de toutes sortes. Au bout de trois heures et demi et quelques scènes troublantes alliant mariage et décapitation, le film s’est terminé. Je suis resté un peu sur mon appétit, nous avons eu droit qu’à deux chansons. Il faut préciser que les films indiens regorgent souvent de musique, de danses et de chansons. Hari nous a confirmé que ce n’était pas un Bollywood typique, ce n’est que partie remise…



Je quitte donc Rishikesh avec de merveilleux souvenirs. Cette ville qui m’a si bien réconcilié avec l’Inde et dans laquelle je devenais de plus en plus à l’aise, peut-être trop même. Voilà le signal qui dit au voyageur de poursuivre sa route. Car autant qu’il est agréable de se promener confortablement dans les rues d’une cité apprivoisée, rien ne remplace l’excitation et le plaisir de découvertes ressenti lors de l’exploration de nouveaux chemins. La route se poursuit vers le monastère de Menri, près de Solan, où je projette de passer quelques jours avant d’aller à Shimla.

Chalo, chalo, chalo !!! (Allons-y !)

2 commentaires:

Anonyme a dit...

bonjour Olivier,
Un vrai ravissement de te lire, cher Oliver. Ta plume est tout simplement renversante : généreuse, humoristique et émouvante.
merci de nous partager ton rêve.

Anonyme a dit...

Bonjour Olivier!
Ouf! Je retenais mon souffle en lisant ta pauvre péripétie avec une aile de poulet....
Quel expérience de cinéma! Génial!
Bonne route