mardi 9 octobre 2007

Inde - Quand les fous changent d'idee (suite)

Badrinath

Prêts pour la suite de cette histoire ? Juste pour vous remettre dans le bain, moi et mes trois nouveaux copains de voyage étions forcés de dormir dehors à cause d’un immense glissement de terrain. Le lendemain, après 24 heures d’attente et plusieurs faux espoirs de réouverture, la voie est libre (l’utilisation du singulier est ici parfaitement justifiée). Il nous faut maintenant trouver un autobus qui veut bien nous mener à Govindghat. Pas d’inquiétudes, cinq minutes plus tard, nous sommes confortablement assis dans un bus à facture plutôt moderne et avec seul compagnon de route le chauffeur et un jeune homme. Pour les deux heures qui nous restent à parcourir, nous avons un autobus à nous seuls. Quelque chose me dit que cela ne se reproduira pas souvent… surtout pas en Inde.

Le village de Govindghat n’est pas particulièrement intéressant. Nous y restons qu’une seule nuit avant de repartir aussitôt, sacs au dos, pour une longue montée de 14 kilomètres vers un autre village nommé Ghangaria. Une journée éreintante, j’ai presque tout mon équipement sur le dos et la fin du trajet se déroule sous une pluie battante et un peu de grêle ! C’est avec beaucoup de bonheur et de soulagement que nous sommes enfin arrivés dans ce bled perdu, point de départ de nombreux treks. À Ghangaria, c’est pas compliqué, on gèle. L’humidité et le froid sont tels que tous les villageois s’apprêtent à quitter l’endroit. Notre chambre non chauffée, l’inexistence d’eau chaude (même tiède), la gigantesque araignée dans la chambre, les visites répétées de Stinky Lola (notre souris favorite) et son attaque contre Alba, les restaurants sans porte et fenêtre malgré le froid de loup, tout ça n’aide en rien à rendre l’endroit chaleureux. Toutefois, nous apprenons une excellente nouvelle, la Vallée des Fleurs ainsi que le trek de l’Hem Kund sont toujours accessibles. Une autre belle preuve qu’on peut rarement se fier aux informations indiennes.





Le lendemain matin, nous partons pour la fameuse vallée. Une randonnée assez facile mais ô combien fantastique. La vallée est tout simplement grandiose, elle est entourée de plusieurs montagnes dépassant les 6000 mètres d’élévation. Comme son nom l’indique, elle abrite une étonnante variété de fleurs. Même si l’automne n'est pas la meilleure saison afin d’admirer la floraison, nous constatons tout de même la présence de quelques espèces et nous humons de merveilleux parfums tout au long de la randonnée. Il a bien fallu quitter ce paysage idyllique et revenir au village totalement déserté par la population locale et par la poignée sikhs qui profitent du dernier jour d’ouverture de leur temple au lac sacré d’Hem Kund.




C’est d’ailleurs à cet endroit que nous partons dès le lendemain. Alba ne se sentant pas bien, nous sommes trois à grimper les 1250 mètres de dénivelés qui nous séparent du lac sacré. Le chemin pour y arriver est ardu. On se croirait dans une interminable partie de Donkey Kong (les barils et le singe en moins). On monte en zigzaguant sans jamais voir la fin. Les quelques personnes que l’on croise sont des ouvriers népalais qui travaillent sur la route de pierres et des sikhs qui redescendent après avoir fermé le temple pour l’hiver. Pas un seul d’entre eux n’oublie de nous en faire la remarque, ne pouvant probablement pas imaginer une seconde que l’on puisse faire cette ascension difficile sans vouloir entrer dans le temple.



Parlons-en de ce temple ! Car oui, nous l’avons finalement atteint. Le site naturel est magnifique. Le lac, grand comme un terrain de football (football canadien pour être plus précis) est entouré de hauts pics enneigés. Le temple quant à lui (que mes amis sikhs me pardonnent), ressemble à un gros comptoir de crème glacé fait de ciment et de tôles. Les sikhs ne semblent pas faire de liens entre beauté et sacré. Peut-être est-ce tout à leur honneur… Malgré le fait que ce temple, entouré de déchets puants, cache la vue de ce qui pourrait être le plus beau panorama de la région, il ne réussit pas à ruiner complètement la beauté des lieux. Le sacré ici ne repose pas dans ce temple mais dans l’imposante nature qui l’entoure, peut-être que les sikhs l’ont compris mieux que nous… En redescendant, nous avons pu profiter des fabuleux paysages et de la gentillesse des ouvriers népalais avec lesquels nous avons partagé le thé et les biscuits. Afin de clore ce chapitre, je me permets un conseil, ne descendez pas trop vite une dénivellation de 1250m, votre tête pourrait exploser !



Ok, mettons quelque chose au clair, quand ça fait quatre jours que tu marches quotidiennement près de 14 kilomètres en montagne, ton corps te donne certains signaux. D’abord, dès le second jour, à la Vallée des Fleurs, mon petit orteil du pied gauche a commencé à montrer des signes de faiblesse. Le troisième jour, je viens de vous en parler, c’est la tête qui a très mal réagit au changement brusque d’altitude. Quatrième jour, je vous laisse deviner la partie du corps qui m’a fait souffrir. Premier indice, c’est pas mal à mi-chemin entre la tête et le petit orteil… Deuxième indice : Connaissez-vous la chanson « The house, the house, the house is on fire » ? Subitement, ma démarche est celle d’un joueur de football de l’université McGill suite à son initiation. Bref, j’espère que demain le feu sera éteint.



Nous sommes maintenant à Badrinath, ville reculée dans les montagnes. Ce matin, nous avions espoir de dormir un peu. Les trois dernières nuits ont été écourtées par des bruits et ce, dès 5h30 du matin. Que ça soit à cause de la construction ou d'une meute de jeunes étudiants indiens, dormir le matin s’est récemment avéré impossible. L’ashram (sorte d’hôtel communautaire, je simplifie) dans lequel nous passons la nuit à vraiment l’air d’un endroit parfait pour le repos, la méditation et pour les discours de Gandhi à 6h30 du matin !!! Quoi de mieux que de se réveiller abruptement sous les sages paroles du Mahatma claironnées par de puissants haut-parleurs. Décidément, l’Inde n’a pas fini de m’étonner.



Aujourd’hui, nous sommes allés faire un tour dans un charmant village tibétain. Mana est à moins de cent kilomètres de la frontière tibétaineet constitue le dernier village au bout de la route indienne. Le Lonely Planet avait raison de recommander cet endroit. Les majestueuses montagnes qui l’entourent, les minuscules ruelles qui séparent les maisons faites de pierres, les portes et les fenêtres en bois sculpté, les vêtements et les sourires traditionnels des villageois, tout cela fait de Mana une destination unique, un monde différent à l’intérieur de l’Inde. Évidemment, ça me donne le goût de tenter ma chance au Tibet, dans quelques mois. Pour l’instant, je retourne à Rishikesh avec Alba dès demain matin.





C’est avec un petit pincement au cœur que je laisse derrière Kendall et Laurent. Ils demeurent dans la région encore quelques jours afin de faire de la randonnée. Le quatuor se sépare en deux. Nous avons eu tellement de plaisir cette semaine !!! J’espère sincèrement que le destin nous permettra de nous revoir plus loin sur la route. Alba et moi devons retourner à Rishikesh. J’espère vraiment pouvoir rejoindre Karine, Annick et Chantal, mes trois amies de Montréal. Je n’ai pas de nouvelles récentes d’elles car depuis une semaine, je n’ai aucun accès internet. J’ai vraiment hâte de connaître leurs premières impressions de l’Inde.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Salut Olivier!
Depuis hier, je suis finalement branchée au net. Depuis un mois, je pense souvent a toi et j'espère que ton voyage se déroule bien.

J'ai adoré lire tes récits de voyage. Par tes mots, tu me fais voyager aussi. Les photos des enfants sont magnifiques....

Profite-bien de chaque instant de ton rêve....

Anonyme a dit...

Impressionnante ta reaction au corps!
Voir très rigolos!
Tjrs contente de lire!
N'arretes pas de nous faire partager tes petites aventures!
Tu as tout mon soutien en tous cas et puis tu me donnes des idées aussi donc merci!

fatiha

Anonyme a dit...

Bonjour Olivier,

Moi qui adore les histoires d'aventure je suis bien servie avec tes récits de voyage. Tu me fais rêver, sourire et pleurer, un auteur sommeille en toi c'est certain. J'ai hâte de lire tes prochaines aventures, mais j'ai surtout hâte de te les entendre raconter. Amuse-toi bien!

Sylvie xxx

Anonyme a dit...

Haaaaaa ! comme ça doit être beau.
Je te suis très reconnaissante de partager ton expérience avec nous. Merci merci merci !

La cousine xxx