mercredi 2 juillet 2008

Mongolie - Plus petit ou plus grand qu’Éole

Khongoryn Els

Le désert de Gobi, une immense barrière de sable. Un véritable corridor de gigantesques dunes. Hier, après une ballade à dos de chameaux (les vrais à deux bosses), nous avons grimpé au sommet. Nous étions en plein après-midi, sous le soleil brûlant, la montée n’a pas été de tout repos. La vue y était tout simplement superbe. Nous avons donc décidé de se réveiller très tôt ce matin pour profiter d’un levé de soleil sur les dunes.



Quatre heure, le réveille sonne. Sous la lumière de nos frontales, nous avançons vers la montagne de sable. Le vent est déjà levé lui, il souffle très fort sur la plaine. On risque de bouffer du sable en haut ! Nous marchons une bonne heure avant d’arriver au pied de la pente. Une lueur apparaît doucement à l’horizon. L’ascension est pénible. Plus nous montons, plus nous devons nous couvrir. Le vent soulève les grains de sable qui se mettent à virevolter dans tous les sens. Sous nos pieds, le sable est si fin que le sol se défile à chaque foulée. Pas à pas, nous avons l’impression de stagner. Chaque centimètre est une victoire. Je m’épuise rapidement. J’ai terriblement chaud. Je dois reprendre mon souffle. Mon corps s’écroule, je m’agenouille sur la crête. Je rêve d’une bonne bouffée d’air frais. Autour de moi, il n’y a que du sable. Il semble prendre plaisir à fouetter le moindre bout de peau qui dépasse.



Je me sens petit, bousculé, épuisé, abattu. Le vent est décidemment plus fort. Petit grain de sable, tu ne me feras pas plier. Je te tiendrai tête. Je me relève d’un coup. Je repars de plus bel. Le manège se répète deux ou trois fois. Finalement, je m’affaisse au sommet. Je suis vainqueur mais vidé. Soudain, je me relève. Je ne crains pas ces milliards grains de sable. Beaucoup ont trouvé l’improbable chemin jusque dans mes culottes, je leur ris au nez car ils n’ont pas su m’arrêter. Je me sens si fort. Debout, les bras en croix, je défie le vent, je joue avec lui, je nargue sa puissance.

Je reste là, sous les rafales. Impossible de retirer le sable enfouis dans mes yeux. Je laisse une toute petite ouverture afin d’assister au levé du jour. La force du vent est déroutante. Je pourrais sans doute redescendre un peu pour profiter d’un peu de calme, mais je ne bouge pas. Je reste figé. J’ai alors compris que nous nous étions trompés. La star du jour, ce n’est pas le soleil. Ce beau matin de juillet, Éole a volé la vedette à Hélios. La beauté ne réside pas uniquement que dans la lumière. Sous l’effet du vent, les dunes chantent, elles dansent, le sable tourbillonne, le sable s’envole de tous les côtés. En quelques minutes seulement, mes empreintes disparaissent. Avec humilité, j’aperçois le vent s’allier au temps pour effacer la moindre de mes traces.


1 commentaire:

Anonyme a dit...

Salut Olivier,
Quelles belles photos du désert, wow, c,est magnifique....c,est toujours aussi fascinant tes récits...enfin, de tes nouvelles, j,avais hâte au prochain épisode et dire que tout cà achève...on espère te voir bientôt à la chapelle...surtout viens nous voir à ton retour, si tu as le temps.....Merci et à bientôt...Monique